Un début d’année si noire
Aujourd’hui un petit billet empli de colère, d’incompréhension, de peur et aussi de grande tristesse à l’image de ce tournesol fané. Ce début d’année a été une véritable hécatombe autour de moi : trois rechutes et un décès d’amies chères, pour certaines virtuelles , qui me mettent dans une rage contre cette maladie dont on ne guérit jamais, quoi que les pouvoirs publics en disent ! Le cancer est sournois, il reste tapi, parfois pendant des années, nous donnant une fausse impression de guérison et de liberté retrouvée.
S’il devient presque banal pour les bien-portants puisqu’il se « guérit », nous savons, nous, que ce n’est pas si simple. Chaque contrôle, chaque prise de sang, chaque mammo nous replongent dans son monde. Nous savons que nous pouvons basculer en quelques secondes dans les ténèbres et l’angoisse de l’attente ne peut être comprise que par ceux qui sont passés par là. Ce que je déteste par dessus tout ce sont les phrases que j’entends lorsque je vais faire mes examens ; « il n’y a pas de raison, tout va bien se passer, moi aussi je peux mourir demain » me serinent mes amis persuadés que cela va me rassurer. Non, nous n’avons pas le même risque parce que nous aussi nous pouvons nous faire écraser par un chauffard, nous aussi nous pouvons avoir un accident de voiture… mais à ces risques communs à tous nous cumulons celui de la rechute. Et quand elle surgit, tout s’écroule une seconde fois.
Je l’ai vécu quelques mois après la fin de mes traitements et je sais à quel point c’est un moment difficile, pire même que l’annonce. La récidive nous plonge dans une série de protocoles que nous connaissons déjà, ô trop bien. Nous savons que nous repartons vers l’enfer : perte de cheveux, nausées, extrême fatigue, douleurs variées … vont ponctuer les mois à venir. Les projets, les espoirs, la vie même s’arrêtent brutalement pour nous ramener vers ce tunnel dont on ne voit pas la sortie. La rechute c’est l’assurance de ne jamais plus croire en la guérison mais simplement espérer une rémission qui nous permettrait de revivre le plus longtemps possible loin des médecins. Ces médecins qui, de leur côté, avouent ne pas savoir quelle sera l’issue.
Alors colère oui, colère contre ce cancer qui nous colle à la peau comme une sangsue, contre ces cellules anarchiques qui se réveillent parfois même au bout de longues années de répit. Incompréhension, parce que comme je le disais dans mon précédent post, la culpabilité des survivantes, on ne sait pas pourquoi la foudre retombe sur l’une et épargne l’autre. Peur pour soi, pour elles face à la grande faucheuse qui repointe le bout de son nez. Et bien entendu extrême tristesse de savoir mes amies repartir dans un combat que je sais si difficile.
Alors les filles, je vous l’ai déjà dit, mais je suis là pour échanger, parler, vous rassurer si possible. Je vous accompagne chaque jour par la pensée. Je voudrais pouvoir vous tenir la main, sans un mot, parce que je sais qu’aucun mot ne peut dire votre souffrance. Et je terminerai ce post en vous donnant une note d’espoir : je suis encore là, 11 ans plus tard, malgré une rechute métastatique… je suis la preuve que c’est possible et bien sûr c’est ce que je vous souhaite du fond du coeur. Je vous embrasse tendrement.
Catherine
Illustration : Tournesol fané, acrylique sur toile par Atilol
Tout est dit… Écrit. On se fait des amies, on les perd, on les accompagne. Et cette angoisse sourde et constante avec laquelle il faut composer. Un seul objectif : vivre, coûte que coûte. Pour accompagner ma fille de huit ans le plus longtemps possible, surtout.
Putain de cancer !
oh oui la peur du tunnel….l’épée de Damoclès en permanence au dessus de nos têtes..!
seules les personnes ayant ce vécu peuvent le comprendre…nous vivons dans la crainte de revoir surgir ce vilain « crabus »..mais nous relevons la tête et carrons les épaules pour faire face à la vie….nous nous serrons les coudes dans notre monde virtuel des « fées »..nous pleurons la perte de guerrières courageuses qui ont finalement été vaincues par la maladie…et nous espérons et rions ensembles aussi….voilà notre vie ….
A 100% en phase avec toi. Je suis trop tétanisée par la peur à l’évocation de ces issues fatales pour en dire davantage. Avec toute mon amitié, grosses bises.
Ce sera en mai. J’ai beau avoir confiance en moi et me persuader que, malgré un moment de faiblesse, je suis plus forte que K, je sais qu’en arrivant au Centre pour les contrôles, j’aurai cette boule là, au creux du coeur. Je rencontrerai dans la salle d’attente d’autres compagnes de combat dont certaines se battent année après année, mais qui jamais ne baissent les bras. Elles sont un exemple. Elles donnent de la force. Elles m’en donnent.
Merci pour cet article, coup de gueule, je peux te dire que pour toutes ces maladies que l’on dit « traitable » on est toujours en sursit, toujours avec la crainte que çà revienne, que l’on rechute.
Très bonne journée malgré tout à toutes et tous.
Pascal, à chaque visite à l’hopital, je me dis… et si çà revenait….
merci Catherine, j’ai l’impression de m’entendre penser, les mêmes peurs, les mêmes doutes, les mêmes colères depuis 11 ans, la perte d’amies jeunes et mamans qui sont parties si vite, la haine de cette maladie qui nous enferme dans un monde à part où les biens portants ne nous atteignent plus que par leurs phrases qui se veulent rassurantes alors qu’elles nous font dresser les cheveux sur la tête, la peur chevillée au corps que la rechute survienne un jour, demain, après demain….cette sensation que l’incompréhension que l’on nous renvoie ne pourra jamais être abolie, que les mots que nous disons ne pourront jamais être compris, que seules les « survivantes » seront là, dans nos têtes et dans nos coeurs pour nous accompagner dans ce combat d’une vie…A Sylvie et Valérie, dans mon coeur pour toujours, depuis 2003 vous n’êtes plus là, vos filles ont grandi sans vous….je vous aime les filles ♥♥♥
Blandine
votre message resume a lui seule notre vie face a ce crabe …..
mais ne perdons pas courage !!!!
Tout ce que tu dis est tellement vrai, je suis en plein « contrôle » j’ai toujours cette boule au ventre…
Il faut toujours garder espoir !
Bon courage a toutes les personnes qui sont ou qui passent par ces épreuvres.
C’est terrible de lire ce billet et de ne pas savoir quoi faire pour alléger l’angoisse de ceux qu’on aime. Les mots sont vains, les gestes paraissent futiles, la présence la moindre des choses qu’un proche peut donner à celui atteint du cancer, qu’il soit du sein, du poumon ou d’ailleurs.
J’aimerai partager avec toi les joies que je vis en ce moment, pour alléger ton fardeau et changer tes idées noires. Je t’embrasse fort et espère te voir bientôt.
LunedeSable
Tu as tout dit Catherine….moi aussi j’en ai marre de ce cancer que l’on pense apprivoiser et qui tout d’un coup, pour nous rappeler qu’il est là, qu’il a son mot à dire, nous inflige encore une fois tous ces traitements lourds et il faut recommencer à lui montrer qui est le plus fort…lui ou nous !!!!
En ce moment, une des mes amies qui était dite en rémission et qui a été super présente pour me soutenir lorsque le crabe a jeté son dévolu sur moi, est en train de tout recommencer, comme tu le dis si bien, les traitements, les nausées les douleurs…..je voudrais lui dédier ce post , je veux qu’elle se batte et qu’elle sache que nous sommes là pour lui tenir la main, sans lui dire des mots passe-partout, mais pour qu’elle comprenne que nous toutes nous SAVONS ce qu’elle endure…..
Ma Mehj, si tu lui ce post, sache que je t’aime très fort et je sais, que battante comme tu es, tu vas t’en sortir….
Maryline
Ça prouve surtout qu’on avance en terrain miné, ce que Rachel n’a eu de cesse de démontrer avant son départ… la blogo, les « activists » US et même son mari lui rendent un vibrant hommage jusqu’en ligne, réseau si puissant, là où elle aura témoigné jusqu’au bout.
Pour que le discours change enfin et que le cancer du sein sorte de sa calme ornière rose.
Je t’embrasse,
Cathie, une oncopine qui mesure ta tristesse (et pour cause…) mais aussi la nécessité de s’engager encore plus.
<3<3<3 Superbe Catherine comme toujours ……. Tout est dis tu es une superbe porte parole Merci pour tout ce temps passé
Juste un bisou en signe de vie.
Tout plein.
Cécile
Encore une fois les mots justes pour résumer tout ce que l’on peut ressentir !! les réflexions, les petites phrases inutiles ce ces personnes bien portantes !! ras la bol !! Merci Catherine et bon courage !!!
Comme je comprends tout ce que vous écrivez, Catherine, et comme je ressens encore, moi aussi, cette angoisse et cette crainte d’une rechute ou d’une récidive à chaque contrôle. Je la sens cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête et elle m’accompagne insidieusement. Oui, nous pouvons retomber en enfer, vite, trop vite. Vos mots sont tellement proches de ceux que j’ai écrits dans mon témoignage pour m’aider à avancer :
« …Je n’oublie pas que je vis avec ce putain de cancer. Il s’est peut être endormi mais pour combien de temps ? Cette épée de Damoclès, elle est au-dessus de ma tête ! »
…«Je sors du cabinet de radiologie, anéantie, une boule énorme au ventre, au cœur, un étau qui me serre et m’étrangle partout. Tout se mélange dans ma tête : mon cerveau a du mal à mettre de l’ordre dans toutes les informations qu’il vient de recevoir. Je suis à nouveau submergée par des émotions et des questions qui me donnent envie de hurler et pourtant je reste calme, les larmes au bord des yeux, en me demandant comment je vais bien pouvoir faire si les résultats s’avèrent mauvais : où vais-je trouver la force qu’il me faudra au cas où ? …»
…« Les souvenirs de ma première « bataille » ressurgissent. Il faut dire que ce n’est pas très vieux. Sept ans. J’ai donné et sacrément donné… »
…« Cancer…Voilà, j’y suis ! À nouveau. Le chemin de croix va recommencer. ..Un autre, un nouveau cancer en si peu de temps. Sept ans après celui du côlon, pratiquement jour pour jour. J’ai mal partout. Je suis seule à nouveau. Vais-je avoir la force, l’énergie ?… »
…« Il me reste un peu plus de quinze jours pour me faire à l’idée. A l’idée de cette mastectomie. Non seulement il va falloir gérer l’angoisse terrible que génère cette maladie mais en plus cette mutilation ! Comment va être ma vie ? Comment vivre avec un seul sein ? J’ai peur. Un sein en moins… Il ne me reste que quinze jours pour profiter de ce sein qui m’appartient depuis l’adolescence. Caresser ce sein que je n’aurai bientôt plus. Regarder ce sein qui bientôt me manquera. Impossible d’imaginer ce que sera mon corps sans ce petit sein tout ordinaire mais qui est le mien. »
(Extraits de « Après ma vie, la vie »)
Mais moi aussi, tout comme vous, je suis là, encore là, après deux cancers qui ont essayé de prendre le dessus. Après des mois et des années de combat pour se débarrasser de ce foutu compagnon. Je suis souvent fatiguée mais je sais qu’il faut croire, toujours, espérer, encore et encore. Pour nous bien sûr mais aussi pour toutes celles qui ont rejoint le ciel bien trop tôt et que nous aimions comme des sœurs.
Je vous embrasse Catherine et des milliers de mercis pour ce que vous faites.
Christine
Le cancer oui mais comme tout le monde le dit ‘ c’ est le rappel des examens qui nous fatiguent et deviennent tres stressant ;Ce que je reproche a l’entourage c que les operations sont passees ainsi que le reste « et qu »on se releve doucement ils pensent que la maladie est finie et que notre corps est aussi robuste comme lorsqu ils nous on connu en pleine santé et ça je ne supporte pas car c non on fatigue vite et la resistance n »est plus la meme « les traitements prises de sang scanner obligation tous les 3 mois d aller voir le doc c »est epuisant vivre sans penser a tout cela c le top donc bien sur certaines personnes ne peuvent pas comprendre l’apres courage a tous soutenons nous!!!!!!et merci Catherine?
Je n’ai pas grand chose à ajouter à ce que tu dis, Catherine, et à tous les messages en réaction à ta colère que je comprends et partage.
Juste un mot : Je me sens solidaire de vous toutes et c’est une bonne chose que ce blog
nous permette de nous soutenir mutuellement et de partager, parfois de bonnes nouvelles, et parfois, hélas, des nouvelles qui font mal.
Quand je lis vos témoignages, vos messages, j’essaie de capter vos bonnes ondes pour continuer à avancer malgré mes peurs de l’avenir.
Merci à toi Catherine de nous rassembler !
Catherine, je suis affreusement peinée pour toi et ces amies, virtuelles ou pas. De la même façon que tu offres ton soutien permanent, tu peux compter sur le mien, plus modeste.
Ton message m’a beaucoup interpellée. Le cancer est-il une maladie chronique ? Quels sont les chiffres et les réalités pour instaurer le débat ?
Je sais qu’il s’agit de la pensée d’un Giraudeau que j’estimais beaucoup, mais aussi de nombre de labos pharmaceutiques qui ont tout intérêt à décréter cet état de choses pour fidéliser un nombre grandissant de patients à des traitements, tout comme cela a été le cas pour la dépression, le diabète etc.
Mais :
. Lorsqu’on lit la lettre d’infos de Curie par exemple (comme moi) et qu’on réalise l’ébullition actuelle des chercheurs et des découvertes, il est impossible de ne pas voir tout ce qui va très vite changer, tout particulièrement dans l’imagerie du cancer du sein, sa chirurgie (ce « troisième œil » capable d’illuminer les cellules cancéreuses pendant l’opération, c’est fabuleux), sa génétique, ses combinaisons de traitements.
. Lorsqu’on va sur les forums de cancers comme doctissimo où sont réactualisés en permanence les posts qui dénombrent les guerrières victorieuses du crabe des années, voire des dizaines d’années après, on ne peut que se souvenir de la formule de David Servan-Schreiber : « la guérison n’est jamais exclue ». Je connais beaucoup plus de femmes guéries de leur cancer ou qui vivent après des métas, que de femmes qui en sont décédées.
. Si le cancer nous apprend la prudence, souvent la peur, parfois la terreur, il nous incite aussi à la mesure. Or, décréter qu’il est maladie chronique c’est être définitif. Trop. Je ne lui ferai pas ce cadeau.
Pour moi (mais encore une fois, j’aimerais tant m’appuyer sur des données médicales avérées que je n’ai trouvées nulle part sur le net), certains cancers deviennent ou peuvent devenir chroniques. Je pense par exemple à celui de la prostate, notamment parce qu’il n’est pas toujours opéré, et oblige à vivre avec.
Mais surtout, autorisons-nous à penser, dire, répéter ce mot si beau, ce mot qui est de l’or pur pour nous, qui inonde de bien-être en ouvrant des kilomètres de fenêtres bleu ciel : GUERIR. Comment vouloir être guérie un jour si le mot même nous est barré par cette horrible appellation de « maladie chronique » ?
Non, non et non. A côté de notre épée de Damoclès, gardons toujours l’arme de la guérison possible.
Oui, Catherine, c’est un début d’année très noir. Mais il pourrait l’être plus encore, si tes amies n’avaient pas quelqu’un comme toi à leurs côtés.
Reste plus qu’à se concentrer sur le présent et à ne pas le laisser filer. C’est un moindre mal
Bonjour à tous et mille mercis à vous surtout pour vos commentaires et témoignages. Le cancer est un fléau et il tue encore des milliers de femmes tous les ans. il ne faut pas laisser dire que c’est un « bon cancer », qu’on en guérit. Non il faut, comme je l’ai dit dans un précédent post, se mobiliser et espérer que les chercheurs trouvent vite non seulement les remèdes mais aussi les causes !
je vous embrasse fort
Catherine
Bonjour Catherine, merci d’abord pour ce coup de colère et de nous permettre d’avoir un endroit pour exprimer la nôtre… Qui n’a pas à présent des proches, très proches dans le cancer, annonce ou traitements ou récidive… D’un côté les tabous se lèvent et de l’autre ce qui m’interpelle c’est qu’on semble vivre le plus normalement du monde cette épidémie ! il y a de plus en plus de gens touchés quelque soit l’âge et ça semble se banaliser… peut-être trop ? comme si les gens étaient résignés quelque part… Une connaissance m’a dit dernièrement « je savais que je serais touchée, y’a tellement de monde touché »… Comme si c’était une évidence que ça lui tombe dessus un jour ou l’autre !? Comme si c’était normal… Cette banalisation me fait peur parce qu’elle n’aide pas à avancer, à se révolter, à faire avancer les choses… vite…
Bonjour Catherine ,
Je suis tellement effrayée par la rechute, la venue d’un autre cancer , la découverte de métastases occultes que j’aI préféré m’éloigner de ceux ou celles ayant la même maladie que moi pensant ainsi nier l’évidence!
Echec ! ce processus m’a isolée un peu plus …
Dans le monde du travail ou je suis immergée depuis mon retour à plein temps trop tôt, trop fort !! Pour ne pas perdre ma place , mon statut social , mon rôle dans la société …Je m’épuise , je rame , je pleure , je stresse et je n’ose dire à ceux qui ne veulent ni voir ni entendre que je ne suis plus comme avant , isolement again …
Au fond cette saloperie ne te lâche pas même en rémission …
Aujourd’hui j’ espére les examens vont arriver et je n’ose penser au pire , en fait si je ne pense qu’à ça ! comment pourrais je surmonter la version 2 de cette maladie si elle se manifeste à nouveau … Je ne sais pas , je flippe et je ne peux pas me raisonner en me disant mange comme ci fais comme ça , à vrai dire je n’y crois pas trop et je refuse en plus de porter la culpabilité de la maladie ! Je suis en colère aussi mais cette rage est stérile 🙂 contre qui quoi la retourner ! mais comme toi Catherine , m’ entendre dire ! ne t’inquiéte pas …Je ne le supporte plus .
Bises à toutes et tous !
Une survivante qui a les jetons 🙂
je suis venue dans l’espoir de me réconforter, c’est la première fois après un an et demie de galère. Je crois que j’aurais dû m’abstenir mon humeur s’est terni à la fin de ce billet. Courage ! Moi je repars me changer les idées…
Bonjour à toutes
@Etincelle : tu as parfaitement raison, cette banalisation que l’on ressent chez l’entourage mais aussi dans les médias est insupportable. Il ne faut pas seulement trouver des remèdes mais aussi trouver les causes pour enrayer cette épidémie et pas seulement se limiter à tenter de la soigner !
@Marie-Dominique : j’ai eu peur de ton silence mais comprends que tu aies voulu t’éloigner loin loin de tout ça! Malheureusement ce n’est pas facile et le cancer nous ressaute au visage à chaque contrôle, chaque moment de fatigue, chaque regard dans le miroir. Ton angoisse quant à la rechute est légitime et j’ai envie de dire, tellement commune à toutes. Je n’ai pas de solutions, j’y suis moi même confrontée tous les ans lors de mes examens ou même à la moindre douleur qui s’installe. Ce que je peux te dire, c’est que le temps aplanit cette peur, qu’à chaque fois que tu ressors soulagée de ton rendez-vous, tu repars un peu plus légère, un peu plus longtemps. Quant à ton retour au travail, peut être as-tu présumé de tes forces. La fatigue perdure longtemps après les traitements et il faut, avec tes 4 enfants que tu te ménages. Prends soin de toi !
@Pat : je suis vraiment désolée que mon billet vous ait atteinte à ce point. Ce n’est vraiment pas le but de ce blog. Ce post est triste, parce que, et vous le savez, cette maladie peut récidiver parfois .. Disons qu’en ce début d’année, la foudre a frappé plusieurs fois. Mais en ce qui me concerne, avec mes 11 ans de recul sur le cancer, je sais aussi que c’est possible ! Si vous prenez le temps de surfer sur le blog, vous verrez, que, heureusement, tous mes billets ne ressemblent pas à celui là :).
je vous embrasse toutes
Catherine
En fait, ce qu’il faudrait, c’est aussi donner quelques conseils aux amies (non atteintes d’un cancer) des amies atteintes, car bien souvent, et cela a été mon cas, on ne dit pas ce qu’il faut. J’ai pensé qu’il était probable que je ne revois pas mon amie, et elle l’a ressenti.Plus tard, elle m’a expliqué que ce n’était pas ce qu’elle attendait de moi. Qu’elle en avait mare de se voir comme « probable future morte » aux yeux des autres….Elle a raison mais je ne m’en étais même pas aperçu! Quelle erreur! Ça c’est super important d’en avoir conscience quand on veut aider une amie malade! En me décryptant mon attitude, elle m’a permis de mieux me mettre à sa place pour mieux l’aider. Pas facile quand on aime les gens de bien les entourer!!!!!!!!!!!!!!!!!
chère Catherine
je comprend votre colère; après un cancer du sein métastatique au stade 4 il y a 3 ans maintenant
les discours des médecins me concernant ne vont pas en ma faveur pour une soi disant « guérison » qui ne prononce même pas!!
juste mon chère mari qui m’a dit un jour:
« tu es guérie que veux tu de plus? »
je viens d’entamer une reconstruction qui est pour moi réussi car aussi bien psychologiquement que physiquement je me sens bien et mieux
je ne pleure plus est ça c’est une réussite
même pour cet intervention j’ai eu du mal a convaincre les docs c’est a ce moment là que j’ai compris que ce mot guérison ne viendrait peut être jamais.
« vous comprenez dans votre cas c’est délicat… »
eh bien ils pensent ce qu’ils veulent les miracles cela existent
je vais bien et il n’y a plus rien dans mon corps je me suis battue pour que toutes ces saloperies dégages.
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un jour pendant mes douloureuses périodes de chimios je lui ai parlé a cette « tumeur »
– tu n’as pas ta place dans mon corps,
– mon corps m’appartient,
– tu peux prendre une partie de mon corps,
– mais pas mon corps entier, celui là tu me le laisses, tu dois partir,
– car j’ai deux filles que j’aime plus que tout et que je veux voir grandir…
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mais je n’aime pas les discours des médecins:
» on s’est bien qu’ il peux y avoir une rechute même dans 20 ans ».
alors j’ai répondu:
« quoi qu’il arrive dans l’avenir si vous me faite pas cette intervention maintenant et que effectivement je rechute plus tôt que prévu ou plus tard… vous ne me la ferais jamais
il est dans mon intérêt que vous interveniez maintenant car la maladie s’est éloignée, et je ne me supporterais plus longtemps avec un seul sein car cela me détruit au quotidien »
» je ne veux pas finir mes jours dans la honte de mon propre corps! »
et un des médecin à répondu : » oui vous avez raison ».
cela fait 5 mois que j’ai eu ma reconstruction et je peux crier haut et fort;
« JE VAIS BIEN ».
A toutes les femmes ne perdez pas espoir luttez et accrochez vous.
A bientôt
nallie
Bonjour Heaulme,
Pour ma part, je pense que tout dépend du moment… Cette amie attendait manifestement des messages d’espoir, de l’encouragement mais peut-être que deux heures avant ou deux heures après, elle aurait pu être dans cet état d’esprit n’acceptant aucune manifestation d’espoir ce qui traduirait qu’on ne la comprend pas… (à ce moment précis !)… Trop difficile à mon sens pour l’autre en face de deviner dans quel état d’esprit est la personne à aider… et justement…qu’est-ce que ça veut dire « aider » ? et si c’était simplement ne pas chercher à savoir dans quel état d’esprit est l’amie malade mais juste l’écouter si elle en ressent le besoin, offrir cette disponibilité-là… Et accepter que l’amie en question se serve ou non de cette disponibilité à ce moment-là… Se laisse guider en fait plutôt que de « dire » au risque de se tromper.
Bonjour Heaulme,
Entièrement d’accord avec Etincelle (comme souvent :)). Il est extrêmement difficile de savoir quoi dire à une personne touchée par le cancer. Nous passons par des moments d’espoir, d’autres de désespoir ; des moments où nous avons envie de parler d’autre chose et d’être considérées comme des personnes normales ; d’autres où la peur et la fatigue sont telles que peu de mots peuvent nous réconforter… Bref une multitude d’instants et de sentiments si différents, si antinomiques même qu’il est quasiment impossible de trouver le ton juste tout le temps. Il n’y a pas de règle.
Je crois aussi que de nos jours il est facile d’envoyer un mot par mail, sms, répondeur, juste pour dire « je pense à toi, je suis là en cas de besoin ». Souvent nous ne répondons pas, le moment est mal choisi. Mais croyez moi ces petits signes font un plaisir énorme. Et puis en présence de la personne, pourquoi comme le dit encore Etincelle, ne rien dire, simplement lui prendre la main et attendre qu’elle parle, et qu’elle dise ce dont elle a envie … ou simplement écouter et comprendre son silence.
je vous conseille de lire l’excellent article sur la maison du cancer : malades, faites (aussi) attention à vos proches ! : http://www.la-maison-du-cancer.com/magazine/les-chambres/les-amis-et-proches/malades-faites-aussi-attention-vos-proches
Le fait même que vous vous interrogiez, que vous veniez sur ce blog, prouve que vous avez déjà compris beaucoup.
Merci à vous
Catherine