Cancer du sein – ASCO 2011 : focus sur la prévention
Le congrès de l’ASCO, la grande messe cancérologique annuelle s’est tenue à Chicago ce week end. L’occasion de réunir les plus grands spécialistes en la matière qui ont présenté les conclusions des dernières études en cours. En matière de cancer du sein, c’est la prévention qui était à l’honneur. Et les résultats d’une étude internationale (USA, Canada, Espagne et France) semblent plus que prometteurs. Prometteurs oui mais quelques bémols s’imposent.
Cette étude a concerné 4560 femmes ménopausées présentant un haut risque de cancer du sein et s’est étalée sur 6 ans (2004-2010), Par haut risque entendez des femmes ayant déjà souffert d’un cancer in situ (soldé ou non par une mastectomie), présentant des lésions bénignes du sein, ayant des antécédents chez une mère ou une soeur etc… mais pas de femmes ayant une mutation BRCA. La moitié d’entre elles a pris un comprimé d’anti-aromatase (exemestane) tandis que l’autre recevait un placebo. Rappelons que les anti-aromatases sont déjà prescrits pour éviter les récidives chez les patientes ménopausées présentant un cancer du sein hormono-dépendant. Au terme de cette étude 11 cas de cancers du sein ont été déclarés chez les premières contre 32 cas chez les secondes, soit une diminution significative de 65%. De là à imaginer la prescription de cette hormonothérapie en prévention systématique, il n’y a qu’un pas.
Néanmoins, comme s’interroge Jean-Daniel Flaysakier dans son blog, si cette excellente nouvelle a crée le buzz, peut-on crier victoire? En effet, dans un premier temps, cette étude ne s’adresse qu’aux femmes ménopausées présentant un haut risque de cancer hormono-dépendant. Quid des femmes en pré-ménopause, de celles qui ne rentrent pas dans la définition actuelle de « haut risque », des autres cancers ( HER2 ou triple négatif )? D’autre part, si le tamoxifène présente des effets secondaires qui peuvent être très graves, (rares cas de cancer de l’endomètre et d’embolies pulmonaires), l’exemestane n’en est pas dénué. Cette molécule induit chez bon nombre de femmes, des bouffées de chaleur très inconfortables, des douleurs articulaires invalidantes et une baisse significative de la libido. De plus, pas de recul sur les effets indésirables à long terme. Enfin, on peut s’interroger : les femmes bien-portantes accepteront-elles de prendre un médicament en prévention qui altérera sensiblement leur qualité de vie?
Aux Etats Unis, les médecins ont une politique préventive beaucoup plus agressive qu’en France. Outre la mastectomie bilatérale qui est souvent proposée pour les femmes présentant une mutation BRCA, les femmes à haut risque mais sans antécédent de cancer, ont la possibilité de prendre du tamoxifène, ce qui n’est pas le cas en France. Les femmes concernées y sont simplement soumise à une surveillance rapprochée.
Certains spécialistes américains pensent donc détenir LA solution et demandent que l’autorisation d’utiliser cette chimio-prévention soit donnée rapidement. Mais l’examestane est sur le point de tomber dans le domaine public. Le laboratoire, Pfizer pour ne pas le nommer, a-t-il intérêt à demander une autorisation de mise sur le marché pour une nouvelle indication alors que les génériques vont pointer le bout de leur nez? De toutes façons, nos médecins français, quant à eux, semblent plus frileux et préfèrent attendre encore afin d’en faire le médicament anti-cancer de référence. Bref, encore quelques années avant que nous puissions en bénéficier!
Enfin, pour clore ce billet, sachez qu’une étude chapeautée par le Pr Pascal Pujol a actuellement lieu en France portant sur l’intérêt des inhibiteurs d’aromatases chez les femmes présentant un gêne BRCA. Malheureusement sur les 500 femmes nécessaires, seules 120 ont répondu à l’appel. Si vous êtes concernées peut-être serez-vous intéressées…
Cette étude constitue une bonne nouvelle certes, mais en créant l’enthousiasme débordant des médias, on pourrait faire croire à la découverte de l’outil magique de prévention. Ce qui n’est malheureusement pas encore le cas. L’Asco est souvent l’occasion d’une exaltation débordante dans les comptes rendus de la presse qui qualifient facilement le moindre résultat d’ « avancée majeure ». Or, bien souvent, par exemple, l’espérance de vie obtenue après l’essai thérapeutique d’une nouvelle molécule fait la une, alors que le gain vital pour les malades se compte concrètement en quelques mois. Pas de quoi crier victoire :-(. Malheureusement, comme je le dis souvent, la recherche avance mais si lentement en regard de l’incidence galopante de ce fléau, que je me refuse encore à partager la joie exacerbée de nos amis journalistes.
Catherine Cerisey
Sources : le blog de Jean Daniel Flaysakier/Figaro.fr
bonjour Catherine,
Comme tu le dis, la recherche avance à pas de fourmi alors que le cancer fait des pas de géant!Comment s’y retrouver dans toutes ces molécules qui nous sont administrées?
quant au gène BRCA,doit-on le rechercher systématiquement chez toutes les femmes?
La partie n’est pas gagnée mais gardons espoir.
à bientôt.
Bonjour Catherine, allez sur google regarder le billet de: »Hoax Buster et le bienfait du citron contre le cancer. » C’est aussi une démarche préventive et bien plus sympathique que les chimios.
A bientôt Jeannine
Bonjour Germaine,
La recherche génétique (très chère et très longue à ce jour) ne se fait que selon des critères bien précis (plusieurs antécédents de cancers du sein dans la famille, cancer jeune, bilatéral …). vus pouvez lire à ce sujet mon billet sur cancer et hérédité.
Vous avez raison : « gardons espoir ! »
Très bonne journée et à très vite
Catherine
Bonjour Jeannine,
Si vous me lisez, et je sais que vous le faites régulièrement, vous savez que je ne crois pas beaucoup dans les vertus anti-cancer d’un aliment quel qu’il soit. Une grande étude vient d’être publiée corroborant ce fait. Je vous engage à aller lire son résumé sur la maison du cancer : Non il n’y a pas d’aliments anti-cancer.
Néanmoins consommer du citron est certainement une excellente chose pour la santé :-)… mais de là à croire qu’il va remplacer une chimio !
Passez une belle journée
A très vite
Catherine
Rebonjour Catherine, une petite précision, personne ne parle de remplacer une chimio par le citron. Mais nous parlons ici de prévention uniquement.
Merci pour ton travail, il fait du bien à beaucoup de personnes qui ainsi ne se sentent pas isolées.
A bientôt Jeannine
Je l’avais bien entendu comme ça Jeannine.. Malheureusement même en parlant de prévention, ou de chimio prévention, comme il est question dans l’article, je ne pense pas que le citron puisse en aucune manière nous protéger. En revanche, le fait que ce soit un aliment sain, rempli de vitamines est certainement une excellente chose et c’est sans aucun doute un produit à inclure dans notre alimentation.. sans excès comme le reste et surtout sans illusion !
Merci à toi de me lire aussi fidèlement
A vite
Catherine
Je reviens sur on blog après un long moment et trouve, comme tjs, matière à réflexion. Merci.
Moi, j’y crois aussi bcp à la prévention grâce à un anti-aromatase car je pense que notre alimentation moderne favorise bcp les déséquilibres hormonaux, et le stress les forts taux d’oestrogènes, comme l’explique fort bien D. Servan-Schreiber ds son livre Anticancer.
Donc si le mal est fait et si on est à risque, c’est logique pour moi d’essayer d’éviter le cancer!!
De mon côté, malade à 39 ans d’un cancer bien avancé, j’ai décidé de continuer avec Arimidex pour 5 ans de plus… pas que des avantages, mais je me donne des chances de plus de ne pas récidiver.
Merci bcp de ton article passionnant qui, pour moi, va ds le sens que j’ai « choisi ».
Bon we
Isabelle
Bonjour Isa,
Ravie de te revoir ici. je suis assez d’accord avec toi, mettons toutes les chances de notre côté ! Pour cet article et ce résultat, il ne concerne que les femmes dites à risque mais qui n’ont pas déclaré de cancer. et si j’en crois tout ce que je lis depuis, la France n’est pas prête à prendre le pas des Etats Unis…. A suivre donc
J’espère à très vite. Je t’embrasse
Catherine
bonjour Catherine
comment allez vous?
avez vous des nouvelles de l’eurocancer
congrès qui s’est tenu a paris?
nallie
Bonjour Nallie,
Malheureusement je n’étais pas au colloque Eurocancer et je n’ai pas encore eu d’écho. Je ne manquerai pas de poster si je trouve des infos intéressantes nous concernant.
A très vite
Catherine