ma victoire de Maman
Le billet d’Isabelle de Lyon, une amie blogueuse, qui a fêté récemment ses 40 ans m’a beaucoup émue. Ses sentiments de mère, si heureuse d’être encore là pour ses petites filles, si heureuse de vieillir, de compter ses rides sur son visage sont tellement proches des miens aujourd’hui que je souhaite à mon tour vous faire partager ma joie, de fêter demain les 18 ans de mon fils aîné Arnaud.
Lorsque j’ai appris mon cancer, ma première pensée a été pour mes enfants. Mes deux petits bouts de chou avaient 4 et 7 ans et au delà de l’horreur qu’a représenté pour moi cette nouvelle, je ne pouvais imaginer ne pas être là pour les accompagner tout au long de cette phase de la vie, cette période de l’enfance que nous savons si importante pour leur construction d’homme et de femme. Leur père aurait jouer son rôle, j’en suis certaine, mais l’image de cette famille qui serait devenue bancale, amputée d’un de ses membres, me liquéfiait sur place. Qui d’autre qu’une maman pouvait les élever et tout simplement les aimer de façon inconditionnelle. Qui d’autre qu’une mère pouvait les prendre dans les bras, les consoler les nuits, faire fuir leurs terreurs nocturnes, leur apprendre la politesse, l’honnêteté, la rigueur, la droiture, l’humanité, les regarder avec bienveillance quoi qu’ils disent, quoi qu’ils fassent?
Si j’ai décidé de tout leur dire de la maladie, la première chose que j’ai demandé aux professeurs, psychologues ou éducateurs c’est de ne jamais évoquer l’éventualité de ma mort. Cette maladie devait rester banale, un mal très grave certes, mais qui se soigne et qui n’allait pas les transformer en orphelins. Bien sur, le risque était grand qu’ils entendent un petit copain leur raconter le décès d’une grand mère suite à son cancer ; bien sûr, il faut tout dire aux enfants, mais ce mensonge par omission était essentiel, pour que de mon côté, je puisse être suffisamment sereine et déchargée du poids de leurs peurs pour me battre. J’avais bien assez à faire avec la mienne !
Lors de ma rechute, cette banale maladie est devenue pour toute la famille un problème à prendre autrement. Si elle revenait, si les médecins n’avaient pas réussi à la soigner, c’était bien qu’elle n’avait rien à voir avec un simple rhume ou une petite gastro mais qu’elle était un cancer qui peut tuer celui qui en souffre. Le spectre de la grande faucheuse a régné pendant ces longues années, même si, comme tous les enfants, je sais que leur insouciance a repris le dessus.
Et mardi, mon fils rentre dans l’âge adulte, nous fêtons ces 18 ans. J’ai pu l’accompagner tout au long de ces 11 années, l’entourer, l’aimer et lui transmettre ma vision personnelle de la vie. J’ai eu le bonheur incommensurable de le voir grandir, sortir de sa chrysalide et devenir un jeune homme ; j’ai eu la chance d’être là à son entrée à l’école, au collège, puis au lycée et bientôt à l’université ; la chance d’assister à toutes ses compétitions sportives, ses remises de prix ; la chance de consoler ses peines, de participer à ses joies, d’entendre ses rires, de sécher ses larmes ; la chance de l’entendre claquer des portes, de le punir quand il dépassait les bornes, de lui répéter inlassablement les phrases dont tous les parents se plaignent : « range ta chambre », « va travailler », « tiens toi bien à table », « dis bonjour, au revoir, excusez moi » … ; la chance de trembler à chacune de ses sorties, de l’attendre des nuits entières en imaginant le pire, de prier pour qu’il ne fume pas, ne se drogue pas, ne boive pas… de subir cette adolescence tant redoutée.
Alors aujourd’hui, comme Isabelle, si je regarde les rides du temps sur mon visage, si je me sens vieillir, je sais que j’ai rempli une partie du contrat. Dès demain, il pourra voter, sera responsable devant la loi, et pourra quitter le nid familial, le cocon que j’ai tissé pour l’envelopper tout au long de ses années ; il pourra partir et vivre sa vie telle qu’il l’entend. J’ai eu une chance incroyable, inouie, inespérée et demain sera une journée merveilleuse pour moi. J’ai gagné des années sur le cancer, les années qui m’importaient le plus et je fête demain ma victoire de maman.
Ce blog est aussi et surtout là pour vous dire à toutes, que c’est possible. J’ai à coeur de vous donner de l’espoir à vous qui vous battez au quotidien, de vous donner la force de traverser cet enfer. Et j’ai une pensée pour toutes les mamans qui regardent leurs enfants et souhaitent plus que tout, comme moi, rester en vie pour eux. Je vous, je nous souhaite de vivre encore de longues années auprès d’eux et d’être là pour les voir grandir, vieillir à leur tour et pouvoir assister à la naissance de nos petits enfants et qui sait, soyons fou, de nos arrière petits enfants.
Catherine Cerisey
A lire aussi : « Est-ce que Maman va mourir? »
Oui, moi aussi, il m’a énormément touché son post à Isa…voire même totalement retournée mais, comme elle le dit si bien… c’est la vie qui prend le dessus malgré toutes les incertitudes…
Mille merci à nos enfants qui nous aident à nous accrocher à la vie… à nous battre lorsqu’ils nous arrivent de baisser les bras ; c’est pour eux ; avec eux que je suis là…
Bon anniversaire à ton fils. Je te souhaite encore plein d’anniversaires avec tes proches et surtout de vieillir, c’est si bon de vieillir.
coucou les filles,
@Nanou : j’ai très fort pensé à toi en écrivant ce post …
@Carmen : merci d’avoir dépassé ton appréhension et d’avoir commenter 🙂
@Isabelle : merci pour lui .. et vive les vieilles !
gros gros bisous à toutes
Le temps des gamins est précieux, chaque année est effectivement comptée… Bon anniv’ au grand gamin !!
Très émouvant, ce témoignage.
A dédier à tous nos enfants, petits et grands car pour eux et grâce à eux les mots combat, vaincre, victoire prennent tous leur sens.Ils sont notre force. A ma fille qui a été de tous les instants à mes côtés même dans les plus mauvais ou l’envie de baisser les bras se faisait ressentir et qui m’a dit un matin lorsqu’elle m’a retrouvé en larmes devant le miroir, mes cheveux dans les mains » tu sais maman même sans cheveux tu seras la plus belle et je t’aime », à mon fils qui à été plus discret par peur ou par pudeur mais qui a su être là à sa façon et mon dieu OUI ON LES AIME même parfois ils nous en font voir !!! Alors ma Cathie encore une bonne quarantaine d’anniversaires à fêter et un gros bisous à Arnaud. bises
Un petit mot aussi en passant. Oui, mes enfants sont ma force même si comme me l’a dit mon fils après les traitement: »je ne t’ai pas beaucoup aidé, je n’étais jamais là ». Par peur, par pudeur, il est resté loin de ce qui se vivait à la maison….. mais il existait!!! et j’étais trop heureuse de paraître « forte » à ses yeux et de lui permette de vivre dans une certaine forme d’insouciance ce passage de l’ado au jeune adulte et qu’elle joie d’avoir fêté ses 20 ans. Et maintenant je regarde grandir avec beaucoup de Joie Florian mon petit fils, cadeau du ciel après les traitements( pile 9 mois après la fin des ttt)
Alors un gros bisous à ton grand et de nombreux anniversaires avec tes petits enfants!!!……lol
c’est chouette d’avoir cette reconnaissance à la vie ! c’est ce caractère superbe qui t’a aidée à tout surmonter Catherine ! et malgré nos jérémiades, on ne se rend pas toujours compte que survivre est une chance merveilleuse. Du coup j’ai été chercher un dessert pour le mien qui avait été grossier hier au soir en trouvant le frigo vide et que j’avais juré de ne pas nourrir ce soir…Avec beaucoup d’humour…, oui c’est une vraie chance que de pouvoir vivre ces moments là et accompagner sa mauvaise humeur jusque l’obtention de ses diplômes…et au delà encore j’espère. Bravo ma belle, on est pas comme tout le monde quand on a touché les pieds du Bon Dieu !
bonsoir a vous touteset mercie a tous nos enfants qui prennent de plein fouet cette maladie qui les fait grandir murir et etreanxieux a chaque fois que cela vas plus male moi sur les 2enfants j/enai un ou j/essaie de dire les choses s/entrop car ilprend cela tellenet mal que sa vie d/homme en prend des coupsa nous aussi de les proteger car ils on tellent souffert et on les aimentr tellement que l/on souffent en silence bisoux a tous et touteset joyeux anniversaioresen esperant quil y en a bcp d/autres
Merci à toutes 🙂
La journée fut splendide et le moment précieux !
Maintenant en route pour le bac et l’entrée en fac 🙂
Très bonne journée et à très vite
Je vous embrasse
Catherine
J’ai presque envie de coller ton billet sur mon frigo, pr ne pas l’oublier au quotidien!
Bonjour Paola,
Je te rassure, le quotidien me rattrape aussi parfois et je peste comme toute bonne maman d’ados qui se respecte… mais ton idée me plaît bien 🙂 !!
Gros bisous
Catherine
ohhh!!! le 24 tu lui faisais souffler ses grandes bougies ?
incroyable, de mon coté, j’allumais les 20 de ma fille !
et je partage bien tout ce que tu as écrit et que vit également IsabelleDeLyon.
souffler les prochaines bougies est toujours un pas de plus. J’avais aussi fêté avec un grand plaisir mes 40 ans, un objectif enfin atteint, mais ensuite, petit flou… mince, quel prochain objectif ? ça avait été tellement un truc qui m’avait paru de plus en plus improbable, tout d’un coup je ne savais plus que viser. (et c’est là que j’au déciuvert le tissage artisanal ! hummm)
à tous ceux qui angoissent des décénnies passées, je dis que moi je suis heureuse de voir mes rides s’afficher…
Et comme toi, prochain objectif : connaitre mes petits enfants ! (et ma Chloé n’est pas pressée du tout, priorité à ses études pour boulot où elle se régale et vu son bulletin du semestre, les profs sentent bien sa passion !)
chaque année passée s’arrose pour bien commencer la prochaine 😉
bises à toi (et à toutes après tout 🙂 ) et au jeune majeur !
Incroyable, ils sont nés le même jour alors ? Encore quelque chose qui nous rapproche ma belle 🙂
Gros bisous
24 mai 91 ma bichette.
et elle n’a pas choisi hein. elle remontait ! quelle histoire rien que ça… 🙂
accoucher un jour de grève des anesthésistes, ça complique !
Alors point de péridurale ????
rire.
je vais te raconter !
accouchement declenché car poumons de miss prets et pour moi, besoin de vite commencer ma chimio. Avec l’info de prendre bien soin de moi pour ne pas me fatiguer, donc surtout éviter l’anesthésie totale!
Mais, un jour de grève des anesthesistes, rien ne se fait comme on veut. au bout d’une longue journée de contractions, je demande la peridurale : « ah bah ça va pas etre possible, ils sont en greve, ils vont au plus urgent »… ok… je sers des dents le gants de toilette humide (seule soluce sur le coup et surtout, je n’ai pas eu le temps de faire la prepa hein, rien appris, ou pas grand chose…)
bref.
l’ouverture à ma bichette semble ok, on m’envoie en salle d’accouchement et voilà que les contractions ralentissent trop, et que miss, après chaque poussée remonte. je commence à galérer et voilà que foule d’anesthesistes arrivent pour me poser plein de questions ! moi je leur fait remarquer que je suis un peu trop occupée pour répondre à leurs questions (je les envoie balader surtout) et voilà qu’ils me mettent le petit masque pour m’endormir !
Me reveille dans une tite salle. seule. Mon mari est auprès de moi. Il m’annonce qu’on m’a sorti du ventre une petite minette (je n’avais pas voulu savoir le sexe à l’avance), qu’il l’a vue. bon… moi, je me reveille, suis un peu à l’ouest, et calme.
un lit d’une autre accouchée est amenenée près de moi, une femme vient lui poser les questions de decla de naissance… une petite Salomé et autres prenoms, j’entends tout… et j’entends ce bébé dans les bras de la maman !
Mais ??? et moi ? pourquoi n’ai je pas mon bébé? en plus j’entend que cette maman a « joui » de la peridurale, elle !
grr.
le temps m’a paru bien long avant qu’on ne me remonte dans ma chambre, avec ma petite (enfin! ils l’avaient un peu mise sous la lampe, au chaud). mince, je ne sais plus si elle était dans mes bras ou dans son berceau… 😦 ben mince alors… remarque je me souviens surtout que par manque de personnel, c’est mon mari qui aidait l’aide soignante à manier mon lit.
Evidemment, pas question d’allaiter, réveillée avec la poitrine comprimée pour bloquer les montées laitières…
enfin voilà mon 24 mai 1991 🙂 !
le principal c’est qu’elle est quand même venue dans mes bras et que je l’ai vue grandir !!!
bon, allez, je file, je te bise tout plein
Pff dis donc ma belle, ce n’est pas un accouchement de tout repos, si tant est qu’il en existe de reposants! 20 ans avec elle c’est merveilleux et nous savons toutes les deux, que ce n’était pas gagné d’avance. Alors j’imagine que comme moi, tu la regardes grandir avec émerveillement. Bon j’avoue que de temps en temps je peste sec après mes ados comme tout le monde 🙂
Gros bisous ma belle et prends soin de toi