Soigner le cancer, une histoire d’argent !
Divers articles dans les journaux ce mois-ci ont fait état de discussions concernant le coût très élevé des molécules anti-cancéreuses en France. D’autre part, à compter du mois d’avril, les transports des malades ne seront remboursés que dans des cadres très stricts. Peut-on accepter que les économies de la sécurité sociale soient faites au détriment des malades?
Nous sommes en effet, largement en tête en Europe dans les dépenses concernant les maladies cancéreuses et le budget total était en 2009 de plus d’1 milliard d’euros. D’après l’INCa, les chimiothérapies, très chères, devenant le traitement de référence, l’on s’attend à une forte augmentation dans les prochaines années.
Les thérapies ciblées, c’est à dire, pour ce qui nous concerne par exemple, l’herceptine, représente 57% du coût total pris en charge. Ces molécules innovantes sont extrêmement onéreuses du fait des recherches importantes qu’ ont nécessité leur découverte et mise en oeuvre. De plus il faut, pour en bénéficier, que la tumeur présente un bio-marqueur correspondant et donc des dépenses supplémentaires pour le rechercher.
Certains rapports dont celui d’un groupe de travail de l’Académie de médecine, mettent en regard le bénéfice en matière de survie pour des malades en situation métastatique et l’argent dépensé. Et le Figaro, de demander si quelques mois de survie valent le coup par rapport au déficit important de la sécurité sociale !
Ce qu’il faut savoir, c’est que ces médicaments sont remboursés à 100% aux hôpitaux qui les utilisent sous réserve d’un « contrat de bon usage ». Qu’est-ce que cela veut donc bien dire? Les médecins sont-ils obligés de choisir les malades qui vont bénéficier de ces traitements? Si oui, en fonction de quoi ? Expression du bio-marqueur, cela va sans dire. Mais comment vont-ils statuer sur le temps de survie? Celui-ci gagnera 5 mois tandis que l’autre survivra 10, alors sauvons le second d’abord? Est-ce que le temps qui nous reste est quantifiable? Nos médecins seraient-ils devenus devins? Va-t-on voir, lors des réunions pluri-disciplinaires, les cancéros jouer à pile ou face? Comment savoir qui répondra le mieux aux traitements? Faudra-t-il que les familles en détresse paient des pots de vin aux oncologues décisionnaires?
Pour les transports, c’est la même chose : alité, sans possibilité de vous déplacer vous bénéficierez du remboursement du taxi ou de l’ambulance qui vous accompagnent aux chimios ou aux rayons. Mais si vous pouvez marcher, il ne vous reste plus qu’à trouver une bonne âme motorisée pour vous aider. Cette décision est passée quasi inaperçue auprès du grand public et bon nombre de malades en traitement vont être surpris de se voir retourner leurs feuilles de remboursement !
Notre sécurité sociale est un système merveilleux que beaucoup nous envient. Doit-on la remettre en cause en matière de cancer? Ne serait-il pas plus solidaire de faire des économies sur les nombreux arrêts maladie non justifiés, voire abusifs pour des rhinopharyngites ou des petites gastro, sur la prescription au compte goutte des médicaments génériques par des médecins inondés de cadeaux en tout genre par les laboratoires etc… Nous allons bientôt tendre à cette médecine à deux vitesses que nous redoutons tous ! Est-ce acceptable?
Il faut que les malades puissent bénéficier des avancées de la recherche et gagner petit à petit en temps de survie quel qu’en soit le coût pour la société. Tout le monde est ou sera concerné de près ou de loin par le cancer et c’est un problème de santé publique. Il est inconcevable que l’on en arrive à choisir quelle personne bénéficiera d’une molécule et quelle autre sera laissée sans soin, en fonction de critères subjectifs. Personne n’est capable, à ce jour, de prédire quelle tumeur répondra mieux qu’une autre aux traitements, quel malade survivra 5 mois ou 5 ans. Le cancer est une énigme et nous savons tous que certains que l’on donnait perdus s’en sortent. Il faut donner une chance à tous sans discrimination et sans à priori. J’espère que ces rapports n’auront aucune suite et que la France continuera à être l’un des pays dans lequel nous sommes le mieux soigné !
Catherine Cerisey
Sources : Le Figaro/ Les echos/Cancerbretagne.net
je suis tout à fait d’accord avec cet article car je suis concernée par ces mesures (déremboursement des transports); Pour le moment je n’ai pas eu de feuilles de soins retournées: il faut dire que je suis un protocole qui comprends 2 chimios différentes car les produits ne peuvent se mélanger (à ce qu’on m’a dit…) j’ai donc 1 portacat classique en sous clavière et 1 portacat dans le foie donc c’est surement pour ça que j’ai ce traitement de faveur!!!
Je pense aussi qu’une médecine à deux vitesses n’est pas acceptable. Cependant, il serait bien que chacun prenne conscience des coûts et n’abuse pas de la Sécurité Sociale. Quand j’étais en radiothérapie à la clinique Hartmann de Neuilly, j’ai rencontré une femme qui venait en taxi du nord de la France (trajet 2H aller retour minimum)au frais de la Sécurité Sociale. Elle avait décidé de venir sur Paris dans cette clinique par choix (bonne réputation). Nous avons la chance d’avoir un système social qui certes n’est pas parfait mais qui a le mérite d’exister. A chacun d’en prendre conscience et de ne pas abuser pour que tout le monde continue à en bénéficier de manière équitable.
j’ai conscience d’avoir coûté très cher à la caisse locale de tahiti car j’étais en évasan, faute de radiothérapie à Tahiti.
à bientôt
laurence M, Nouméa
je partage tes sentiments vis à vis de tout ça…
et alors, que « ces médicaments sont remboursés à 100% aux hôpitaux qui les utilisent sous réserve d’un « contrat de bon usage ». » …:roll:
comme si les oncologues s’amusaient à nous donner des trucs juste pour s’amuser.
De mon coté, j’ai toujours eu le sentiment de couter cher à la sécu. Enfin disons, qu’au début, je me disais « je ne regrette pas mes cotisations à la sécu! ». à présent, je me dis juste que je coute cher, alors je fais ce que je peux pour ne pas en abuser. Du genre : quand je peux faire la route avec voiture perso, je ne demande pas le bon de transport. Ou pour des médocs que je peux avoir sans ordonnance, je les paye. C’est ma petite façon d’aider la sécu… 😕
bises à toi Cath’ 😉
Tres bon article : nous savons que nos traitements coutent cher mais avons nous choisi ?
Par contre les cures de desintoxication pour les alcooliques alors que nous savons qu’ils recdiveront : personne ne parle du cout et ils ont droit a la prise en charge de leurs deplacements !!
Qui arrrivera à endiguer tous ces abus qui pénalisent toujours le plus faible? J’ai eu la mauvaise surprise de constater , d’après le décompte Sécu,que j’avais eu plus de séances de rayons que je n’en avais reçues; j’ai signalé tout de suite cette »erreur », mais pas de retour!
Pourquoi ne fait-on pas de contrôles plus stricts,cela emploierai du personnel et dissuaderai les fraudeurs s’il étaient pénalisés?
Souhaitons un avenir meilleur!
Coucou les filles,
Oui nous coûtons cher à la sécu, aux assureurs, aux mutuelles…. Mais c’est le principe même du système solidaire français !
Je me suis entendue dire par des « amis », alors que j’étais en récidive, que c’était à cause de gens comme moi que nos enfants n’auraient plus de sécu !!!
Il y a des abus, mais on ne peut pas taxer les malades du cancer de profiter quand même…. Chacun doit se sentir responsable et les bien-portants devraient être contents de savoir qu’ils seront protégés en cas de souci… j’espère le plus longtemps possible!
Nous coûtons cher mais c’est parce que la recherche coûte beaucoup d’argent … Si le gouvernement et les chercheurs axaient plus leurs efforts sur la prévention, il y aurait moins de malades
et par là même moins de sous en jeu… Elle est peut être là la solution …
Bonne journée les filles
Bisous
Catherine
je suis effarée de la connerie de ce système de santé qui tolère comme tu le dis Catherine que des arrêts maladie soient délivrés pour un rhume ou une gastro…je peux te dire que je suis prête à vraiment exprimer sauvagement mon mécontentement de cancéreuse donc valide et bien portante et qui paye ses impots !!!
Colére !
Tu as raison d’être en colère Faith :-)… j’espère faire entendre notre voix haut et fort !
Bisous
Catherine
Voilà une réponse à laquelle je m’associe. Je suis moi même traitée pour un cancer je préfère le préciser. Dans mes anciens collègues (puisque j’ai été licenciée économique) il se trouve un jeune homme de 25 ans qui passe son temps en hopital psy pour désintoxication à l’alcool. Il y passe des semaines entières, et avoue lui même que le week end quand il sort il « se prend des murges avec ses potes, parce qu’il s’en fout ». Je suis allée voir une amie dans cet hôpital, qui y était pour dépression, et j’ai vu le coût journalier. J’ai été ébahie de voir que la sécu prenait en charge un mec comme ça, qui n’en a strictement rien à secouer, pour un tel tarif.
Il y a des priorités, mais visiblement depuis quelques années les cancéreux semblent devenir un peu plus chaque jour le bouc émissaire sur lequel taper dans l’espoir de faire quelque économies. Lamentable. A vomir.