mes amis face au cancer : bilan
Le cancer change-t-il irrémédiablement les rapports avec nos proches? Doit-on se résigner à une modification inéluctable de ces liens qui font partie de la richesse de nos vies? Doit-on accepter de changer son cercle comme si on changeait un vêtement devenu trop petit? Peut-on concevoir de voir disparaître certains … au profit, heureusement, de nouvelles amitiés peut être plus riches encore? Autant de questions qui me taraudent après ces dix ans de rémission, ces dix ans pendant lesquels la maladie est devenue comme une partie de moi. Mais, si je suis honnête, tout n’est pas si simple et le gris prévaut sur le tout noir ou tout blanc.
Quelques uns ont disparu purement et simplement, très vite. Peur, projection, impossibilité de m’aider, de me soutenir, de dire les mots qu’il aurait fallu pour panser mes plaies? Point de coups de fil, de sms, de mails, de petits mots empathiques ou attentionnés… un silence assourdissant qui a abouti à la brisure de ces liens face à un rien qui, s’il n’a pas toujours été insupportable, m’a blessée et laissée dans un gouffre de questions sans réponse acceptable.
Pour d’autres, le changement de ma personnalité – enjouée et résolument extravertie – a été sans doute trop brutal. Et si, je faisais en sorte, lorsque les effets secondaires de la chimio me laissaient suffisamment tranquilles, de paraître dans des soirées mondaines, je ne pouvais éviter de faire entrer, bien malgré moi, l’ombre de la grande faucheuse, jetant un froid polaire dans ces soirées qui se voulaient avant tout festives.
Mais j’ai pardonné à certains de ceux là, comment aurais-je réagi à leur place? Qu’aurais-je fait à l’époque moi la mère de famille-épouse-working girl débordée et un peu, il faut bien le dire, superficielle?
Et puis, soyons sincère, j’en ai fui d’autres, délibérément. Ceux qui, pour me faire croire, que la vie n’est rose pour personne, me faisait part de leurs propres maux. Ceux qui, comme moi, n’avait pas dormi de la nuit, berçant leur nouveau né pendant des heures ; qui, vomissait leurs tripes, comme moi encore, à cause d’une gastro carabinée… mais curable ; qui divorçait, quittait contraint et forcé leur emploi, se débattait avec des enfants insupportables ou en echec scolaire….. Il n’y a pas de hiérarchie dans la douleur, dans la souffrance. Chacun vit la sienne comme il peut, mais je ne pouvais pas me laisser polluer par la douleur des autres, j’avais trop à faire avec la mienne ! Epouser leur mal-être était au dessus de mes forces.
Ceux aussi, qui me disaient qu’ils avaient autant de risque que moi de mourir, eux sous les roues d’un chauffard invisible, moi sous les pattes d’un crabe bien ancré dans mon corps. Comment leur dire que les prévisions étaient malheureusement en ma défaveur, que les statistiques n’étaient pas de mon côté? La comparaison était juste insupportable !
Ceux qui m’auraient laissée face à un sentiment que j’exècre : la jalousie. Oui, si je ne les avais pas quittés, je serais devenue jalouse de cette joie de vivre qui m’explosait au visage. Envieuse de ce bonheur de gens dans la fleur de l’âge et bien incapables de me le cacher… Impossible pour moi de ne pas comparer ces vies et de composer avec cette injustice flagrante. J ‘ai préféré être heureuse pour eux, très sincèrement, mais de loin.
Enfin, des amis, proches ou moins proches, sont restés. Eux ont trouvé les mots, les attentions qui m’étaient nécessaires, vitales. Ils m’ont tenu la main, comprise, acceptée avec mes différences. Comprise dans mes refus de parler, de les voir, de les écouter parfois. Acceptée dans mes larmes, mes peurs, mes conversations qui tournaient autour de ce cancer qui me rongeait le corps et l’esprit. A ceux là, je dois une reconnaissance éternelle. Merci à vous, si vous me lisez.
Alors bien sûr, je me suis retournée vers les autres. Et les autres ont été mes soeurs d’armes, mes compagnes d’infortune. D’abord virtuelles, puis parfois IRL, ces nouvelles amies me comprenaient puisqu’elles vivaient la même chose. Je ne les ennuyais pas avec mon cancer, mes peurs, puisqu’elles avaient les mêmes. Nous pouvions, plutôt que de parler chiffons, shopping, beauté, « papoter » chimios, radiothérapie, mastectomie, traitements… plus de problèmes d’épilation, de coiffeur, de tenues affriolantes ou dessous libertins …. celles là m’ont merveilleusement soutenue alors qu’elles mêmes avaient besoin d’aide. Elles m’ont donné sans compter, nuit et jour, partageant les petits trucs qui font que la vie est plus douce. Certaines sont parties, trop tôt, laissant un vide dans mon coeur pour toujours.
Et aujourd’hui qu’en est-il? Mes amis, je parle des bien portants, ne me comprennent plus. Quelques uns s’éloignent à nouveau, par incompréhension, lassitude, que sais-je encore. Comment au bout de dix ans, puis-je continuer à vivre, dormir, manger cancer? Il est vrai qu’écrire pour ce blog ne m’éloigne pas de la maladie, loin s’en faut :-). Comment expliquer que ce besoin est vital, essentiel… Aider les autres, rendre ce qui m’a été donné m’est nécessaire, indispensable et ne se discute pas. Le cancer fait partie de mes préoccupations, de mes conversations, de moi, de ma vie ! En parler, lire, me renseigner sur la maladie me permet de la mettre à distance. On ne maîtrise que ce que l’on connaît. Pourtant je fais attention à ne pas les polluer, à parler d’autres choses… Mais finalement, ai-je vraiment à me justifier?
Dorénavant, il faut bien l’avouer, mon paysage amical est constitué pour une bonne partie de « cancéreux » ou de personnes concernées de près ou de plus loin. Pour autant nous ne parlons pas que de ça mais j’avoue me sentir bien en leur compagnie. Comme si le fait d’avoir traversé et surmonté les mêmes choses nous rapprochaient inéluctablement. Comme si le cancer les avait rendus plus vrais, plus sincères, plus humains. Du même coup, comme me l’a dit récemment une de ces amies, la probabilité de perdre des proches précocement est un état de fait, et accompagner certains dans leur dernier voyage est une éventualité que je ne peux pas négliger. Peu m’importe , je prends le risque… Le tri salvateur est fait, et ceux qui m’entourent, maintenant, anciens ou nouveaux, me sont trop précieux. Ce voyage dans la souffrance a eu un impact certain sur moi et mes relations avec l’extérieur mais j’en suis heureuse et je suis aujourd’hui, en plein accord avec moi-même.
Alors bon vent à ceux qui partent et bienvenue aux nouveaux, dont vous faîtes un peu partie, puisque vous lisez ce blog :-).
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Trop beau ton dernier post et réellement,absolument ou tristement trop vrai !! j’ai malheureusement fais moi aussi ce constat que la nature humaine peut être incroyablement décevante ou à l’inverse incroyablement et agréablement surprenante. Et je me dis qu’aux regards de tous les amis et proches en qui je croyais ou pour qui je pensais avoir de l’importance, si j’avais du quitter cette terre prématurément je n’aurais surement laissé qu’une infime petite trace dans leur mémoire.
Tout simplement touchant ton message Catherine.
Merci pour tout ce que tu nous donne à partager.
Marie
Bonjour Catherine,
Comme toujours ce post est criant de vérité.
Nombreuses seront les personnes qui se reconnaitront au détour de ses lignes.
J’ai moi aussi vu s’évaporer une « très » bonne amie, et aussi des personnes de ma famille qui ont carrément « zappé » ma maladie.
Et au contraire des personnes que je ne soupçonnais pas se sont montrées des plus présentes, Encore aujourd’hui même si je vais très bien, elles sont là, discrêtes, mais là je le sais. ☺
Comme vous j’ai eu un impact sur ma personnalité, je ne m’encombre plus de « futilités ».
Au plaisir de vous lire !!!
@+KissChris
merci Catherine de ce superbe post!
oui beaucoup ne comprennent pas que je « reste dedans » et ça ne fait que trois ans….
J’ai beaucoup reçu de vous toutes ici et ailleurs, comme toi j’aide de mon expérience, de mon écoute quand je peux.
heureusement que vous étes là pour me permettre de me sentir moins seule dans mon approche de la rémission, »guérison », car en effet je reste dedans et je me sens bien à partager avec vous. (j’avais écrit « mais »je me sens bien, et c’est bien ET qui est juste car je n’ai pas à me justifier de ce qui est bon/juste pour moi.
Pour moi, j’ai eu la joie d’être très bien entourée et accompagnée par mes amis et relations pendant l’année de traitement. Je dois dire que c’est maintenant que je ressens que beaucoup ne veulent plus en parler et pourtant c’est mon quotidien, car les symptômes et les « restes » post traitement me le rappelle tous les jours.
J’ai eu la grande joie aussi de rencontrer de nouvelles amies sur les sites et lors de rencontres réelle avoir l’impression de se connaitre depuis longtemps. les amitiés virtuelles ne sont pas si virtuelles que ça!!!….
Merci à vous toutes
du bon du beau billet !
Y’a même une qualité à ces amitiés de cancéreux, c’est qu’elles sont entières, et peuvent être aussi fortes qu’immédiates, un « coup d’amitié » !
Quant à la perte des amis d’antan, c’est assez radical… mais sans rancune. Il y en a même à qui je dois beaucoup, perdus, mais infiniment reconnaissante.
Ça soulage de n’avoir pas à composer en permanence.
Je t’embrasse mon oncop, ma copirl !!
Pour ça aussi c’est pratique le cancer, je n’ai pas de doute à m’énoncer comme telle 😉
Je me retrouve dans ce que tu écris. J’ai aussi été déçue et rompu des liens mais heureusement j’ai aussi été très agréablement surprise par quelques femmes qui n’étaient alors que des copines et qui sont devenues des amies. Elles n’ont pas eu le cancer mais ont le coeur sur la main, toujours dispo, elles font partie de celles que je peux réveiller à toute heure de la nuit. Elles sont toujours présentes, à chaque perfusion, elles viennent me chercher pour aller au resto, me forcent à retourner chez moi si j’ai oublié de mettre mon patch Emla, viennent avec des gâteaux pour me tenir compagnie lorsque je suis arrêtée. Elles sont merveilleuse et sans le cancer, je ne pense pas que j’en aurais autant conscience, elles ont assuré avec mes filles lorsque j’en avais besoin. Et puis comme toi, j’ai mes consoeurs du cancer, celles avec qui on peut rire de tout, on peut partager ce vécu de combatante, l’une qui est devenue une amie très chère, chez qui je suis allée une semaine cet été avec toute ma famille, herceptine comme moi mais depuis 7ans et demi. On se comprend sans parler, on ressent la même chose. On s’envoit des sms lors de nos perfusions.
Le plus douloureux pour moi, ce sont les réactions de ma famille. Au départ, inquiets, peur de me perdre, ils ont pris de la distance et font leur vie. Egoïsme, indifférence, aveuglement, peur, je ne sais pas mais je ne peux pas compter sur eux. Seule ma mère s’est métamorphosée et a soudain de l’empathie. Alors j’essaye de voir ce que j’ai gagné et ne pas revenir sur ce que j’ai perdu. Comme toi j’ai changé, je pense à moi avant tout et tant pis pour ceux qui n’apprécient pas mes changements, je dirai mon évolution… Et comme toi ce besoin de maîtriser, de savoir, de redonner un peu d’espoir, que mon vécu puisse au moins servir à quelque chose, en attendant d’être une blouse rose un de ces jours. C’est une femme qui témoignait sur le net qui m’a aidée à reprendre espoir lorsque je pensais mourir dans les mois à venir, je ne l’oublierai jamais et j’espère être comme elle pour d’autres désespérées, leur faire espérer de vivre d’autres Noël, d’autres anniversaires…
Merci pour ce temoignage qui correspond exactement a ce que j’ai vecu
Moi qui de par ma profession ai accompagné bon nombre de malades je m’apercois que lorsque cela vous arrive tout le monde vous fuit ! y compris dans votre tres proche entourage c’est a dire votre fille qui est en situation de deni au point de ne pas vouloir se faire depister dans le cadre de la recherche genetique !
C’est tellement réconfortant et déculpabilisant de savoir que d’autres aussi ont perdu-trouvé des amis, de se reconnaître dans cette logique du chemin qui va vers plus de gravité, moins de superficiel.
Surtout lorsque l’expérience du crabe survient plusieurs fois dans une vie (trois fois en trois ans pour moi). Plusieurs chimios mènent à un autre « tri salvateur », plutôt à un marathon amical avec peu de coureurs à l’arrivée, surtout lorsque le pronostic est mauvais.
Au départ, j’avais des amis qui partageaient mes valeurs de solidarité, de compassion, dont celui à qui j’ai expliqué un jour que je ressentais comme de l’indifférence son silence sur mon crabe – et qui a radicalement changé ensuite- ces amis qui se comptent sur les doigts d’une seule main le sont restés. Mais bien des connaissances ou personnes de la famille, elles, se sont tues, éclipsées dans une lâcheté muette ou presque : juste une carte postale en été, ou pas même un sms en dix mois… Il m’a fallu du temps à comprendre qu’elles se sentaient démunies, ne savaient plus quels mots utiliser… Mais je n’ai pu excuser. Ces gens-là ne font plus partie de ceux que j’aime ou j’aime bien, et aujourd’hui que je suis vivante, ils le regrettent. Ce fut pour eux une bonne leçon.
Pour les autres, ceux qui ont « survécu » avec moi, il y eut la fête : le dîner que j’organisais à la fin de chaque traversée (chimio, rayons etc), et qui fut à chaque fois une explosion de rires et de bonheur à la faveur de toutes les tensions qui se relâchaient.
Comme Hélène, le cancer est devenu une partie de mon identité, de mon histoire, et le forum sur lequel je suis très présente reste un point d’ancrage quotidien pour moi. J’ai cette impression d’être un peu née du cancer.
Au final, je me fais parfois peur, en voyant à quel point je me suis habituée à une paisible solitude (je suis actuellement célibataire sans enfant). D’autres fois, j’en suis heureuse.
La morale de l’histoire est là : les véritables amis sont ceux avec lesquels il est possible de mourir.
Voilà un post très convaincant et riche de ton/notre vécu, merci!
Comme pour toi, Catherine, comme pour vous toutes, le tri s’est fait sans que je le veuille forcément. J’ai aussi beaucoup grandi moi-même: certains n’ont pas eu l’énergie de m’accompagner, et même si j’ai eu de la peine, je leur ai « pardonné ».
J’ai aussi fait de belles rencontres et eu de chouettes surprises, comme vous.
J’ai aussi changé, beaucoup, muri, je me suis améliorée;-)
Pour moi aussi, il y a un avant et un après, plus de détachement par rapport aux bêtises et pécadilles, plus de sens à ma vie, plus de « centrage » sur la seule chose qui compte au final: l’amour, qu’on l’appelle amitié, tendresse, empathie, soutien, solidarité, accompagnement, compréhension, communication silencieuse, fraternité…
Bien sûr, on reste E.T., un peu, beaucoup!
C’est bien ou pas, en tt cas c’est comme ça!!
beaucoup d’émotion en lisant ce beau message et une réalité, nous sommes toutes arrivées sur une autre planète je pense, une planète où tout va a l’essentiel, à la justesse des sentiments, il y a nos mots et maux en commun cela suffit pour que nous puissions nous comprendre et nous aimer !!! merci Catherine de laisser parler ton coeur. Et tu sais que lorsqu’on t’écrit « je t’aime » cet amour est le reflet de notre reconnaissance pour toi.
Comme tout cela est vrai, Catherine; moi qui ai eu la chance que le crabe soit décelé très vite, tout petit et facilement traitable, j’ai reçu une aide incroyable de femmes beaucoup plus atteintes que moi; je n’ai pas su les laisser parce que j’ai trouvé en elles une véritable chaleur humaine que je n’ai pas vraiment trouvé dans ma propre famille;de toute façon, il y a déjà plusieurs années qu’on m’évite, qu’on me trouve triste; le cancer fait peur , et celui de mon mari, décédé en 2006 avait déjà éloigné beaucoup de personnes;Les deux mois qui ont précédé son décès, j’ai pratiquement été seule avec lui. J’ai participé au ruban de l’espoir cette année; j’ai dit à mon fils que c’était une des plus belles journée que j’ai passé depuis longtemps.Encore bravo!
Enfin, ce post tant attendu … touchant, et tellement toi ! J’ai la chance de te connaitre en IRL et tu es l’une de mes plus belles rencontres : honnêteté, profondeur, générosité, tendresse, douceur, sourire, humour, fiabilité, etc. tant pis pour ceux et celles que ça dérange. Je t’aime pour ce que tu es et non pas pour ce que tu représentes. Faire de la place pour te nourrir de vrais sentiments et chercher à rendre ta vie plus colorée est ce que je te souhaite de tout coeur. Bisous ma belle Cathwoman !
Merci merci merci à toutes, sincèrement, infiniment…. Vous lire m’a donné des frissons, j’ai essuyé quelques larmes qui perlaient, relu avidement tous vos commentaires… Ils m’ont prouvé, s’il en était besoin, que mon choix est le bon. Le monde du cancer renferme des gens formidables qui, au delà de leur combat, sont de belles personnes, riches, vraies, humaines….
Si je pouvais, je ferais un gigantesque dîner avec vous toutes, afin que l’on se voit IRl, que l’on continue à partager, à échanger, que l’on puisse s’embrasser, ce que je fais virtuellement ici avec énormément de tendresse….
Catherine
Ton post est criant de vérité et c’est courageux de dire les choses comme tu les dis, avec franchise et sans détour.
Nous sommes sans doute nombreuses à avoir connu des déceptions liées à l’entourage familial ou à des amis. Cette expérience nous a également permis de savoir qui étaient nos vrais amis d’avant la maladie, et d’accueillir ceux qui le deviennent pendant et après les traitements.
Néanmoins, je mets un petit bémol par rapport à ce que tu exprimes car j’ai tendance à ne pas en vouloir aux personnes qui n’ont pas su trouver les mots dont j’aurais eu besoin parfois. Peut-être que mon indulgence est dûe au fait qu’il m’arrive moi-même d’avoir peur d’être maladroite dans mes propos à l’égard d’autres personnes touchée par le cancer. Je sais que lorsque l’on est plongé dans la souffrance physique et psychique liée à cette épreuve, on a besoin de réconfort, parfois, un simple regard complice suffit. J’ai vu des personnes changer de trottoir en faisant semblant de ne pas m’avoir vue car elles craignaient de ne pas savoir que me dire ou elles avaient peur que je parle de ma souffrance. Cela m’a fait parfois très mal, mais je ne réussis toujours pas à leur en vouloir. C’est peut-être une erreur de ma part…
Que d’émotion dans ce bilan sur le changement de vie.
Bon, je dois avouer que j’ai fait une recherche pour comprendre IRL 😉 (je suis tellement branchée IRM en ce moment)mais ça y est ! j’ai trouvé !
En tout cas, vraiment émue de ton ressenti (et de tous ceux exprimés suite au tien).
Je ne l’ai pas vécu ainsi, ni le vis ainsi (au présent puisque si présent encore), mais je pense qu’il y a 20 ans, sans Internet ni sms, je n’avais guère le choix de vivre avec qui était là. Ai-je été particulièrement gatée par mes proches ? sans doute.
En ai-je perdu ? je ne sais pas. Si c’est le cas, j’ai du les oublier aussi…
Je n’ai pas eu l’occasion de faire connaissance avec d’autres personnes dans ma situation, je n’en ai pas cherché non plus.
C’est étrange la vie. J’ai toujours plutôt essayé de parler simplement des choses, envie qu’on parle du quotidien de tous plutôt que rester axée sur mon cas. Une façon de parler d’autre chose que de mon « problème », que je voudrais comparable à d’autres problèmes, puisque chacun a « ses » problèmes. Mais sans doute parce que tout contact prenait de suite l’aspect du « comment vis-tu? »
Pourtant,même d’en parler simplement, je sais qu’il y a des limites, que certaines « choses » ne sont pas partageables, qu’elles ne sont pas entendables…il y a des choses qui sont mon quotidien, mais qui restent à taire, pour ne pas blesser autrui…
je t’embrasse Catherine
Merci pour ces témoignages de vie. On se retrouve bien démunie, presque nue devant cette maladie. On a alors besoin du soutien de nos amis, notre famille, notre conjoint, nos enfants… etc Malheureusement, tout le monde n’est pas toujours au rendez-vous. Heureusement, j’ai eu la chance d’avoir des amies qui m’ont soutenue. Depuis, je sais que je pourrai toujours compter sur ces amies là et elles pourront toujours compter sur moi. Par contre, j’ai été déçu du comportement des hommes en général. Courage, fuyons ! Est ce qu’il faut être toujours jolie, en forme, de bonne humeur pour être appréciée ? J’ai été surprise du silence de certains : je me suis absentée pendant 3 mois pour me faire soigner en métropole. A mon retour, on a fait une petite fête : certains ne m’ont même pas demandé comment j’allais, comment ça s’était passé. J’ai trouvé ça incroyable.
Cette expérience permet de faire le tri et de savoir ce qui est essentiel et les personnes qui sont essentielles dans notre vie !
laurence M, nouméa
Très émouvant et tellement vrai! ces nouvelles amitiés, ne peuvent être que positives pour nous! Depuis deux mois notre service oncologie a mis en place un atelier d' »art thérapeutique » – nous sommes une dizaine de femmes à y participer et c’est une vraie thérapie! On discute beaucoup, on parle de nos traitements, des effets secondaires, nos familles… mais ce que j’ai remarqué c’est que nous sommes toutes très positives, profitant de ce beau moment convivial – souvent accompagné d’un thé et d’un gâteau maison!! Cela ne peut être que positif pour nous et de toute façon nous n’avons pas besoin de nous justifier!
Ravie de te connaître Catherine!!
Merci pour ces échanges si riches !
Pour ma part, pendant les traitements, j’ai fait bonne figure, je donnais le change, ne ‘craquais’ devant personne. Et puis j’avais mon bébé, les gens avaient un sujet de discussion bien pratique pour ne pas parler de mon cancer. Moi-même n’en parlais que si les gens m’en parlaient. Très peu finalement.
Trop pudiques pour oser des 2 bords, finalement.
Complètement con, mais c’est comme ça !
Une grande solitude, c’est sûr.
Alors y’a fallu que ça sorte, et j’ai créé mon blog ! Il n’est quasi pas lu par ces gens-là (ceux IRL !) mais par d’autres.
Parce qu’effectivement, on se comprend mieux entre nous. Ca fait vraiment communautarisme, c’est bien dommage, mais je ne me revois pas refaire le monde !
Bonjour à vous toutes,
Encore une fois Catherine, tu écris pour moi, pour elle,pour lui, pour nous toutes.
Malgré tout ce qui nous séparent, culture, distance, religion,on est sœurs siamoises dans la maladie.
Et c’est vrai plus rien n’est tout blanc ou tout noir depuis cette maladie, on est changées à jamais.
Toi ça fait 10 ans de rémission, moi je suis à 3ans et demi, et mes proches me disent que je suis « guérie »,et mon mari qui n’est pas malade me dit qu’on a le même risque de mourir, accident de voiture, …
Plus personne ne nous comprend, mais on se comprend entre nous.
Le 17 décembre je me fais reconstruire le sein par diep à Henri Mondor, je serai toute seule, pensez à moi mes amies, et faites une prière pour moi( même si je ne suis pas croyante)
Bisous à toutes.
Rachida
Une fois de plus, un grand merci à toutes pour ce partage d’expériences et ces commentaires touchants et sensibles. Vous êtes toutes formidables !
@Rachida : plein de pensées positives. je penserai à toi le 17.
Gros bisous à toutes
Catherine
moi aussi je vis la même histoire, mais le plus difficile, c’est l’indifférence totale de ma mère, pourtant j’ai toujours était présente quand elle a eu des problèmes, de 90 à 97 je l’ai assistée pour mon père atteint d’une autre sale maladie Alzheimer, j’ai donné 7 ans, mon père est mort chez lui grâce à mon aide et celle de mon mari, avec cette maladie la famille au lieu de s’unir, c’est complétement dispersée.
En mai 2010 lorsque j’ai appris que j’avais un cancer du sein, j’ai informé ma mère, depuis elle n’a jamais pris de mes nouvelles, au début j’en ai vraiment souffert cela me sembler incroyable, comment une mère peut rester indifférente à une telle nouvelle!!!!!
surtout que ma soeur ai dècèdée des suites d’un cancer du sein en 2005, maintenant j’ai enfouis cette souffrance au plus profond de moi, pour avancer vers la guérison, j’espère que le crabe va
me laisser tranquille, c’est la deuxième fois qu’il me rend visite 2003 hystérectomie, 2010 mammectomie sein droit.
Marie-josé
Trés touchant ….aprés seulement 3 ans de rémission , je ressens les mêmes sentiments .Un véritable copie coller ….
Je vais le faire lire à ma famille et mes amis très proches.
A trés vite et merci à toi !!!!!!!!!
Bonjour Catherine,
Ton témoignage correspond à ce que j’ai vécu; ce qui m’a le plus énervé pendant les traitements, c’etait celles qui venaient, au pied de mon lit déverser tous leurs petits soucis alors que je n’aspirais qu’à entendre des propos m’ éloignant de la maladie; celles-là, je préfère ne plus les voir.Par contre, ma famille m’a soutenue et je me suis efforcée de minimiser mes tracas pour ne pas leur faire de peine, plaisantant avec les plus jeunes sur mon faciès de E.T.Ma mère,très âgée et mal-voyante ignore tout et je dois faire des prouesses mensongères pour déjouer ses questions parfois embarrassantes. L’essentiel ,pour moi, c’est la famille et celles qui sont restées près de moi dans les pires moments,celles-là sont des AMIES ! mais j’y ajoute ,toi Catherine et celles que j’ai le plaisir de lire grâce à ton blog.
amitiés à toutes et à bientôt
Une fois de plus merci à toutes :-).
@Marie-José : Mon post avait pour thèmes les amis, mais il est certain que la famille apporte son lot de joie ou de déception. Chaque personne réagit à sa manière. Ta mère a sans doute très peur qu’il t’arrive la même chose qu’à ta soeur et préfère fuir pour se protéger. Une réaction insupportable j’en convient. Peut être est-il temps de lui parler, de lui expliquer à quel point son attitude t’a blessée…
@Patricia merci de partager ce post, j’espère qu’il fera réagir… Tiens moi au courant
@Germaine : merci beaucoup :-). Je suis très touchée!
Je vous embrasse toutes
Catherine
Bonjour, J’ai hésité avant d’écrire, mais voilà je dérange toujours, mais c’est, me semble-t-il, un mal pour un bien futur, du moment qu’on y trouve un intérêt.
Tout ce que vous vivez est criant de vérité. Mais ce n’est heureusement pas la seule vérité. J’ai lu récemment aux éditions « Spiritualités Vivantes » dans « L’OEIL DU PROPHETE » de Khalil Gibran, la phrase suivante: « Autrui n’est autre que notre propre être, plus sensible encore, habitant un autre corps ». Je l’ai fait mienne depuis longtemps et j’en mesure la véracité très souvent. En somme, nous voyons chez l’autre ce qui nous habitent pleinement mais aussi inconsciemment. Une preuve de cette affirmation, c’est de voir que chacun donne sa vision de la situation. Quelle est cette vision? Elle est notre propre rapport à la vie. Nous projetons notre sensibilité propre souvent inconsciente sur ce qui nous entoure. 2 réactions peuvent intervenir. Soit par ignorance on se coupe du monde qui nous entoure. Soit, d’abord par curiosité ensuite par intérêt puis besoin, on travaille sur cet autre soi-même qui permet de nous comprendre pour devenir indulgent avec soi-même et d’accueillir cet autre soi-même qui nous dérange au plus profond de nous-même. La vie est accueil et pardon. Un autre paragraphe me paraît faire une bonne conclusion.
« Il est en moi un ami qui me console à chaque fois que les maux m’accablent et les malheurs m’affligent. Celui qui n’éprouve pas d’amitié envers lui-même est un ennemi public, et celui qui ne trouve pas de confident en lui-même mourra de désespoir. Car la vie fuse du for intérieur de l’homme et non de ce qui l’entoure. »
Si ce commentaire est publié et lu, ma mission serait remplie. Je vous souhaite une vie pleine de lumière intérieure. Je vous embrasse. Jeannine
Bonjour Jeannine,
Bien entendu, je publie votre commentaire :-). Mon blog est un espace dans lequel tout le monde peut s’exprimer et partager ses vues et cela même si elles ne vont pas dans le sens de mes articles. Je suis persuadée que votre post peut aider des personnes en souffrance… Je n’ai écrit que le reflet de mon ressenti personnel, lequel n’engage que moi bien sûr.
N’hésitez pas à l’avenir.
je vous embrasse aussi
Catherine
@Jeannine : ce que tu écris fait écho en moi…
A méditer.
Merci Jeannine de ce petit recentrage…..
C’est dit d’une autre façon l’histoire « de la paille et de la poutre ».
Je suis assez d’accord avec ta proposition de réflexion et pourtant…. il y a en moi quelque chose qui n’y adhère plus entièrement.
bon dimanche
Merci de vous toutes et tous
Merci à la vie. C’est un post à lire et à laisser agir en soi sans faire intervenir notre mental.Comme dit Mélilotus, c’est à méditer. Le temps fait son effet à son moment. Bonne journée Jeannine
Bonjour, j’aime beaucoup ce que tu écris Jeannine. J’en suis sûre, les autres sont le reflet de ce que nous sommes et de ce que nous recherchons. Le réconfort, la reconnaissance surtout que nous trouvons chez les autres, sont ceux que nous ne nous donnons pas ou n’osons pas nous donner <3<3<3. Les belles personnes que nous rencontrons -et les moins belles aussi – sont notre reflet..Je n'ai perdu que les amis qui à cause ou plutôt grâce à mon évolution et mes changements, ne me convenaient plus.. les amitiés stériles, pauvres et sociales.. Ne reste que les amitiés riches et les autres ont été remplacées par de magnifiques nouvelles ;)) . Je fus peinée de ces pertes, parfois déçues.. mais comme disent les Tibétains chacun doit laver son propre bol.. pas de rancune.. Je ne cotoie des personnes atteintes ou ayant été atteintes du cancer que sur le net. et je me demande parfois ce que je viens y chercher … Souvent, je me dis, j'arrête.. et puis, non.. j'y reviens.. Je suis presque sûre que le jour où je couperais ce cordon, je serais vraiment guérie de ma peur .. Je fais une formation de sophrologie existentielle et le formateur disait que se cantonner dans un univers de personnes ayant le même problème- cancer, alcoolique,parents adoptifs..- était très , trop, beaucoup trop enfermant et empêchait de progresser sur soi .. Je médite cela depuis ce dernier WE de formation..Merci à Catherine d'avoir posé ce problème.. et à Françoise Fafaz pour son partage, sans qui je n'aurais pas vu cet article 😉 Marielea
Bonjour Mariela,
Contente de te retrouver ici :-). Pas facile pour les « autres » de comprendre notre envie de continuer à vivre « cancer » au delà des traitements. Pour eux, tout est fini tandis que pour nous la vie ne reprend pas son cours là où nous l’avions laissée. Peut être qu’effectivement la vraie guérison est là, elle interviendra lorsque nous cesserons de lire, écrire et communiquer sur la maladie. Mais je crois que ce besoin de continuer à vivre avec est lié à ce mal qui ne nous lâche pas si facilement. La peur de la récidive est bien là même des années plus tard ! Et les amies rencontrées au fil du net sont si précieuses que je ne suis pas prête à couper le cordon !
A très vite ici ou ailleurs
je t’embrasse
Catherine