comment vivre avec la peur?
Aujourd’hui j’ai lu un article qui a réveillé un sentiment que je connais bien : la peur. D’habitude les articles scientifiques sont plutôt annonciateurs de bonnes nouvelles : des découvertes, de nouveaux médicaments miracles à l’étude, des essais thérapeutiques prometteurs …. Mais pas cette fois-ci : en effet, des chercheurs canadiens ont découvert que la prise de Paroxetine , un antidépresseur commercialisé entre autre sous le nom de Deroxat ou Paxil , annulerait les effets du tamoxifène (prescrit pour les cancers du sein hormonodépendants). Les chiffres sont alarmants. Et bien sûr, j’ai pris les deux …. Longtemps !
Alors aujourd’hui, j’ai envie de parler de la peur bien connue des malades et ignorée la plupart du temps, niée par les biens portants.
Je ne pense pas pouvoir dire qu’avant le cancer, je connaissais ce sentiment. Elle était loin, virtuelle presque irréelle … loin de cette femme surbookée, tiraillée entre son job et ses enfants, cette femme de 37 ans qui ne savait pas qu’elle pouvait mourir. Et puis j’ai du lui faire face, brutalement.
Mais peur de quoi d’abord ?
Peur de l’opération, d’avoir mal, de la mutilation, peur de la chimio, de perdre mes cheveux, mes ongles, de vomir, de la fatigue, peur des rayons, des brûlures, peur de la mort, de laisser mes enfants, de ne pas les voir grandir …. What else ?
Finalement on parle beaucoup de celle des autres, ceux à qui l’on fait peur parce qu’on représente tout ce qu’ils craignent, parce qu’on porte le masque, les stigmates de la mort tapie derrière nous. Mais qui nous demande si on a peur ? « comment vas – tu ? » au mieux, « ça va aller », « tiens le coup », « serre les dents », « garde le moral » au pire …. Mais jamais personne pour s’asseoir et demander tout simplement « est-ce que tu as peur ? », nous écouter en parler pour nous aider à mettre un peu de distance.
Pourtant ce sentiment est violent, il envahit tout, le corps et l’esprit. Il empêche de respirer, on halète, on tremble littéralement. Il faut se faire violence en permanence, vaincre cette frousse viscérale pour aller affronter l’hôpital et se soumettre aux tortures annoncées.
Et puis il y a l’après cancer ….
C’est le moment où j’ai appris un mot de la langue française jusqu’ici inconnu pour moi : rémission – atténuation ou disparition TEMPORAIRE d’une maladie. La lecture du dictionnaire me liquéfie. Comment vivre avec ça, ce temporaire, ce provisoire, cet éphémère ? Comment vivre avec les autres qui ne comprennent pas : « n’y pense plus », « tu es guérie maintenant », « arrête ». Il faut que je gère cette nouvelle trouille qui va jusqu’à me tordre les tripes, parfois, sans prévenir. Aller aux examens tous les trois mois, puis 6 mois, et enfin tous les ans. Vivre avec cette fameuse épée de Damoclès.
Mais j’en fait quoi moi de cette peur ? Elle m’encombre, m’empêche de vivre, de respirer !
Je sais qu’il faut lâcher prise, qu’il faut essayer, je dis bien essayer, de la ramener à quelque chose de supportable, d’acceptable, de gérable … tous les psys me l’ont dit, expliqué maintes fois.
Et puis il y a le temps, qui éloigne des traitements, de l’hôpital, des médecins, des examens. La rémission totale ( !) qui est annoncée au bout de 5 ans.
Aujourd’hui, 9 ans après, j’ai appris à vivre avec cette incertitude que j’ai enfouie, profondément pour me permettre de vivre le quotidien. J’ai appris à vivre sans insouciance, j’ai apprivoisé ma peur. Je fais face, en écrivant sur le cancer, sur ce qui m’effraie le plus, en lisant tous les jours vos commentaires, vos peurs, vos angoisses. C’est ma façon à moi de mettre de la distance … je ne veux pas oublier, je ne veux pas me voiler la face. Je suis définitivement du côté de ceux qui souffrent, de ceux qui savent, et même si ça fait mal parfois, comme aujourd’hui, je ne regrette pas ce choix.
Merci à vous tous qui me lisez chaque jour, merci de vos commentaires qui m’enrichissent beaucoup, merci de votre présence même virtuelle.
A lire : Christophe Mangelle : Tellement peur ! Oh Editions
Ton message m’a ému aux larmes !! pas de tristesse mais tu mets les mots justes sur ce que l’on ressent et c’est trés rare !! en effet la peur est toujours là, et c’est vrai que l’entourage a ces petites phrases qui moi, me mettent en colère ; c’est terminé maintenant il faut que tu te bouges !! mais ils savent eux ce que c’est de vivre avec ça !! non !!!
Cela va faire deux ans que l’on ma découvert cette merdouille et je suis suivie par une psy depuis quelques mois car je n’arrive toujours pas à me dire qu’il va falloir que je vive toute ma vie avec la possibilité que cette maladie revienne !!
merci à toi et encore bravo pour tout ce que tu fais
cécile
Beaux discours dans cette video mais pas toujours bien articulés mais l’ambiance est trop volontairement sombre . La peur de mourir n’est pas sombre, enfin je ne la vois ni ne l’ai vécu comme cela ;elle crie, elle hurle, en plein jour de préférence et quand le soleil est doux et qu’il fait beau, elle envahit l’individu et son visage est grimaçant et horrible. On regarde sa main et l’image du squelette de ta propre main t’envahit l’esprit au moment de t’endormir..Il faut beaucoup de cran pour ne pas exprimer cette peur à son entourage .Tu décris ta peur Catherine et l’angoisse qui t’habite magnifiquement bien et avec tant de sincérité et de vécu que ton texte étreint la gorge ..Bravo !
Je reposte ici les commentaires de Bernadette et Joyce laissés sur FB
Bernadette
« La peur…on finit par l’apprivoiser et vivre avec , je ne dis pas que je suis tjs mal,mais la vie est autre après cette épreuve .J’ai appris à vivre avec cette épée de Damoclès mais il y a des jours où c’est plus facile que d’autres mais après tt elle est légitime !!! ….bonne journée à vous toutes 🙂 »
Joyce
« …..Et moi, cette peur, je n’arrive pas à l’apprivoiser, elle fait partie de moi désormais et sera toujours présente tant que des douleurs seront là pour me rappeler ce K. »
@Cécile merci beaucoup 🙂 je pense effectivement qu’un psy peut nous aider à » vivre avec « … tu as bien fait de faire la démarche.
@Françoise le film est effectivement difficilement audible parfois, peut être à cause de l’accent canadien auquel nous ne sommes pas habitués.
Je ne sais pas si je vis plus la peur au grand jour que la nuit, parfois elle m’étreint même quand je dors, parfois j’oublie même d’avoir peur… c’est étrange comme sentiment, étrange comme perception. Tout ce que je sais, c’est que même tapie, elle ne me quittera plus. 😦
Je vous embrasse toutes très fort
Que dire de plus Catherine sinon repeter les memes phrases que toi, LA PEUR je la vis au quotidien, je me lève tous les matins en pensant a ça, quand je me regarde dans le mirroir je vois……. quand je suis fatiguée je me demande pourquoi……. les controles tous les 6 mois, une horreur, un stress a chaque fois en attendant les resultats….. les psys pfffff je les comprends pas ou ils ne me comprennent pas, je voudrais revenir 5 ans en arriere, ne pas avoir eu de cancer, vivre sans me bouffer le cerveau…. comment arrive t-on a vivre sereinement apres avoir été malade????? tu es forte, c’est tout ce que les personnes de mon entourage savent me dire, forte hahahaha qu’est ce que ça veut dire etre forte???? avoir supporté les traitements, les operations mais avais-je le choix merde. en te lisant je me vois et j’en pleure car c’est tellement bien dit tellement fort que je ne peux pas faire autrement que pleurer, dans 1 mois cela va faire 5 ans que j’ai eu le terrible verdict du medecin….. j’espere seulement arriver a apprivoiser ma peur comme toi un jour et apprendre a vivre sans insouciance. merci encore une fois d’etre là, tu me fais du bien, tu me permets de dire des choses que je ne peux pas dire parfois aux miens pour ne pas les faire souffrir, ils sont tous tellement soulagés de me savoir sortie des traitements, de me voir rire et profiter de la vie, je ne veux pas leur enlever cette image….. FORTE peut-etre bien qui sait?
C’est ça !
C’est exactement ce que tu écris !
C’est ce que j’ai ressenti et que je ressens toujours.
Je n’ai rien à ajouter de plus !
catherine, tu as tant de force et courage avec ta peur. comme les autres l’ont dit, tu exprime ce que nous sentons tous. merçi pour le cadeau!
Mes peurs en quelques étapes : J’ai d’abord eu peur de l’opération, peur d’être mutilée, peur de souffrir. Pendant les mois de chimio, j’avais plus peur des dégâts éventuels (sur des organes sains)provoqués par la chimio, que de mon cancer lui-même ou de la mort. Pendant les rayons, j’ai eu peur que l’on abîme mon poumon du côté du sein malade. Puis, j’ai été effrayée par la liste des effets secondaires possibles sous Tamoxifène que je dois prendre pendant 5 ans(les + graves sont heureusement très rares mais cela effraie). Maintenant que je suis en rémission, je vis avec la peur que mes os soient atteints (j’attends une scintigraphie qui sera faite dans 8 jours) car j’ai très mal aux côtes. Et, bien-sûr, j’ai peur de la récidive. Chaque bilan, tous les 3 mois, comme vous le dites très bien Catherine, est une épreuve.
Alors, la peur m’accompagne depuis le diagnostique de la maladie, il y a 16 mois. La moindre fatigue m’inquiète… Les moindres douleurs quelquepart dans le corps et j’imagine un nouveau cancer avec une autre localisation…
Néanmoins, malgré ce tableau, je me dis que tout cela ne doit pas m’empêcher de profiter de la vie. Je ne veux pas la gâcher encore plus avec mes peurs.
J’essaye de les mettre en sourdine, de les apprivoiser… Pas facile…
Oui la peur m’étreint le ventre..le matin au réveil : que m’apportera cette journée ? le soir au coucher : une journée passée, déjà passée!!! Le jour : sans crier gare, elle m’étouffe…
Alors, je regarde dehors , je respire et me remplis de tout ce que mes yeux peuvent voir, j’essaie de me sentir en accord avec la nature à qui je peux faire confiance ; la neige tombe, demain ce sera le printemps, les fleurs, le bruissement des feuilles, le soleil…demain sera un autre jour
J’ose croire en demain même si je sais que c’est aujourd’hui que je vis!!! Alors, je fais de cet aujourd’hui le lendemain d’hier et ainsi…j’avance!!!
Ma fille me dit souvent « carpe diem » et je crois que c’est la philosophe à adopter; Nous étions sures de nous, nous sommes devenues fragiles, nous ne pensions pas à la fin, nous savons qu’elle est à portée de mains…je ne tendrai pas les mains dans cette direction mais uniquement les ouvrir pour apporter mon énergie à celles qui souffrent, mes compagnes de galère!!
OUI, j’ai peur, j’angoisse, je flippe, j’ai perdu l’insouciance mais je VIS!!!! Il est prouvé qu’un choc important atteint certaines parties du cerveau et notamment ce qui touche à la sérotonine, substance qui nous permet d’être « heureux » (faiblement résumé)et dont le manque entraine la dépression!!! Vivre simplement nous permettra de faire « revivre » cette capacité au bonheur mais nous garderons toujours , la aussi, une cicatrice…pas de prothèse possible, pas de perruque « camouflage »…simplement accepter!!!! Faire comprendre ce choc a notre entourage relève de l’impossible et nous le savons. Mais c’est vrai Géraldine, apprenons, nous aussi, à dire à l’autre en désarroi « tu as peur? »
Je t’embrasse
Chris
C’est émouvant de vérité, et vu les commentaires précédents, on se reconnait toutes dans ce que tu écris. Merci à toi, Catherine, pour tous ces articles et informations précieuses, merci pour ton blog et pout ton courage.
Je poste ici le commentaire de Valérie
« on a beau etre bien entouré(e) on ne peut comprend la peur la douleur des autres quand soit meme on a vecu la meme situation . Et quelqu’elle soit
merci pour ce témoignage »
Un merci sincère à toutes qui vous êtes dévoilées, mises à nues sur un sujet qui me touche beaucoup. Je suis persuadée que cette chaîne de solidarité est un des moyens qui nous permettront de surmonter nos peurs et angoisses.
Chaque jour en vous lisant, je sais un peu plus pourquoi j’ai fait ce blog.
Catherine
Exactement ça !! Je me reconnais parfaitement dans ce que tu écris ! Comment vivre au quotidien l’après cancer sans éviter cette peur, cette épée de Damoclès sur nos têtes, cette trouille qui nous prend au ventre à chaque prise de sang de contrôle, chaque mammographie ! Impossible et pourtant, comme toi, je fais de gros efforts mais j’ai du mal parfois, j’essaie de me sermonner mais c’est plus fort que moi ! Je vis, nous vivons avec, c’est comme ça !
sorry, j’ai dit Géraldine, c’était Catherine!!!! mais où gambadent mes neurones???!!!! ;-)))
Une seule phrase « l’aprés cancer est plus dur que le cancer ».Son cortège d’angoisses et de peur je ne les nie pas mais je pense les apprivoiser !!!
Alors gardez le moral les filles !!!!
ps:je suis à 2ans et demi de rémission !!!!!je garde le moral !!!!!!!
Un petit bijou d’émotion et de vérité, il est ciselé ton billet, il brille, il coupe ! Je partage tous tes mots et le chemin qui s’est dessiné.
Je suis aussi en total accord avec toi pour parler vrai.
Entre protéger l’autre et lui raconter des bobards qui nous enlisent, y’a une marge. Ton blog est un véritable lieu d’expression, sans tabous. Merci la Cath de l’avoir construit et d’en prendre soin comme tu le fais !
Bonsoir,
moi aussi j’ai peur, je me retrouve dans vos textes, parfois tout va bien , la journée est belle, les enfants sont en forme,et d’un seul coup je suis submergée par la terreur de mourir, de souffrir encore , de partir…Maman, tu pleure, je vois des larmes dans tes yeux,..Mais non, c’est le vent qui me brule les yeux, pourquoi veux tu que je pleure?…
Amies, depuis 15 mois j’ai un nouveau langage codé.
J’ai intégré un nouveau vocabulaire, PAC, FEC, TAXOL, GB, RT, CA 15-3, redon, ganglions, tamo..etc…
Et maintenant on m’a dit « rémission » avec un grand sourire. Ah..
– Monsieur l’oncologue ça veut dire que je suis tranquille maintenant..
– Non non madame, cela signifie juste écrasement des tétons (ou ce qu’il en reste)tous les 6 mois, prise de vue de différents organes internes, prise de sang, visite chez le gynéco pour vérifier qu’un crabus aurait pas essayé de s’infiltrer par le col…
Génial!
A part ça,il faut continuer à « vivre », profiter de ces quelques mois de répit entre chaque contrôle, s’occuper des enfants, travailler ( ah oui on avait presque zappé)et garder le sourire, car malgré tout on est encore en vie.
Oui, mais moi j’ai peur, j’ai parfois le ventre noué
le matin quand j’ai mal au dos, quand je m’essouffle pour un rien, quand je tâte mes seins dans mon bain, quand je me sens épuisée sans raison.
Et ça va durer encore 5 ans? Et après d’ailleurs que se passera-t-il??
Qui a décrété que le cap fatidique était de 5 ans (d’ailleurs 5 ans après le début ou après la fin)?
Quand a commencé la fin? Y a t-il une fin??
Personne ne répondra à ces interrogations.
La trouille me poursuit nuit et jour. Je cauchemarde
loin de mes rêves, j’angoisse quand la nuit tombe et que je me retrouve seule dans mon lit.
Le noir est ma terreur.
Mes questions restent sans réponse.
Et malgré tout je reste en vie, j’essaie de me faire encore quelques beaux souvenirs avant que revienne le fameux mois fatidique.
je poste ici les temoignages de Natacha et Christine
Natacha
« Je ne suis pas sûre que les autres comprennent vraiment même pendant…. Ils s’efforcent d’imaginer au mieux ce qui nous arrive et ce que nous ressentons mais ce n’est que « penser que… ». J’ai fais partie de ces autres avant juin 2009 avec toute la compréhension dont je fais preuve mais j’étais loin de m’imaginer ce que j’ai réellement vécu et dieu sait que je ne suis pas classée dans les pires cas du cancer du sein. Merci pour ca et chagrin pour celle qui supportent plus dur que moi.
Je culpabilise toujours et je pleure encore.
Oui j’ai peur de mourir prématurément et je n’ose en parler à ceux que j’aime pour ne pas les effrayer à leur tour.
J’évite d’en parler même si aujourd’hui on me dit guérie il y a encore, hélas, les 5 ans de peines à endurer(je commence ma période), cette rémission qui n’a aucun sens à mon ouïe, à mon oeil et à ma vie.
Car même après cette longue attende, rien ne sera jamais sûre…. »
Christine
« voilà résumé en quelques lignes notre sentiment à toutes. Le pire ce sont les autres, qui comprennent le « pendant » (et encore pas tous) mais l’après. Je pense qu’il a trop de banalisation autour du cancer du sein… car en gros il vaut mieux avoir un cancer du sein qu’un au cerveau, alors de quoi on se plaint ???!!!! non seulement nous sommes malade « en attente » que cela revienne, ou pas, mais on nous fait culpabiliser »
Merci (encore :-)) pour tous ces commentaires tous plus émouvants les uns que les autres.
Est on soulagée de se savoir moins seule? Certainement un petit peu parce que ça nous permet d’en parler, d’échanger sur un sujet que les autres se gardent bien d’aborder… Mais par ailleurs, je suis effarée devant toute la souffrance générée par cette maladie pendant et après….
Prenez soin de vous
33 ans…elle va faire son frottis annuel,madame GYGY palpe une boule, s’attarde…Des antécédents? non pas de soucis au niveau du sein dans la famille, ni mère, tantes, cousines…Alors soyez sereine , on va faire une mammo pour voir s’il s’agit d’un kyste. Bien bien…Le jour de la mammo, j’ai RV avec ma petite boule, mon petit kyste braf pas grand chose…sauf que Monsieur le radiologue souhaite faire une écho, baisse, remonte son volet, et moi je ne quitte plus ses yeux.J’ai compris, on va faire une biopsie…Pendant quelques jours ACR4 raisonne dans ma tête.Et puis l’attente…Un coup de fil au labo, vos résultats sont dispo, très bien, vs pouvez passer les prendre…alors si je peux passer les prendre c’est que tout va bien…Chéri m’appelle depuis la voiture, il me dit « écoute rassure toi a priori c’est un carcinome mais il ne parle pas de cancer » et là j’hurle dans ma maison parce que moi je savais ce que ce mot voulait dire…et puis opération, PAC, FEC , TXO, neutropénie fébrile en chambre d’isolement protecteur ,rasage de la tête seule sur un grand lit blanc…et malgré tout chaque jour se maquiller, porter un foulars et des bijoux assortis, continuer à sourire pour mon fils de 4 ans…la parenthèse va se refermer bientôt…mais est-ce que ce sera une parenthèse, va-t-elle se rouvrir? est-ce que je verrai mon fils en CP, au collège, au lycée? Les médecins ne sont pas médiums alors Carpe diem, je vis au jour le jour avec la peur, il faut l’apprivoiser et puis chasser cette idée du crabe sous mon rocher, ne pas penser à ses pinces et sourire…à la vie!
la peur, quelle inconnue, elle fait tellement peur que personne n’ose l’évoquée.
Catherine tu as bien fait d’en parler, de la rendre moins tabou.
Cela, fait maintenant 9 ans que j’ai eu l’ablation du sein gauche avec reconstitution. Je passe une mammo annuelle mais à chaque fois angoisse que je cache.
Le cancer était in-situ donc je ne devrais pas angoisser pour les résultats mais elle est là la boule au ventre.
Je me souviens lorsque mon gynéco m’a annoncé la mauvaise nouvelle, je lui ai hurlé je veux une reconstitution, jamais peur de la mutilation, de la perte des cheveux, peur de la mort. Mes nuits, je les passais à organiser mon enterrement. Du coup j’ai tout inscrit sur une feuille de façon que mes enfants sachent ce que je veux. J’ai même écrit une lettre.
Lorsque j’ai dit à la belle-famille que j’étais atteinte d’un cancer du sein, l’un de mes beaux-frères qui avait eu un cancer de la prostate m’a rassurée en disant tu vois moi cela fait plus de 10 ans et je vais bien, n’ai pas de crainte. Mais quelques années après le cancer s’est réveillé.
Il c’est battu contre le crabe mais celui-ci a eu raison de lui. Les paroles qui m’avaient prononcées resteront à jamais graver dans mon esprit.
Avant que le cercueil se ferme sur lui, je lui ai dit tout ce que j’avais sur le cœur, la peur qui pouvait être en moi.
J’ai une autre pathologie qui titille aussi ma peur, la peur du fauteuil roulant.
Tu as raison disant que personne ne nous parle de la peur, car je pense que eux aussi ont peur ne savent pas comment l’aborder
Catherine merci pour tous tes articles, ils sont magnifiquement écrit, tu as un sacrée don pour l’écriture. As-tu pensé a en faire un livre ?
Tout ces commentaires me font « chaud au coeur « merci à toutes et surtout merci Catherine !!!
j’espère que le Pr BONNIER consultera ton blog !!!!!bisous à toutes !!!!!!je vous aime !!!!!!
@chat(rette): tu as raison Carpe Diem est une magnifique philosophie mais parfois la peur nous rattrape, et là nous sommes à nouveau complètement démunies… difficile d’oublier l’angoisse tant que l’on n’est pas déclarées guéries 😦 Merci de ton commentaire et à très vite.
@Marie-Renée : tu es adorable mais je ne crois pas être capable d’écrire un livre! Par contre j’écris maintenant des articles pour La Maison du Cancer que vous pouvez retrouver ici … ce blog m’a donc non seulement permis de faire de merveilleuses rencontres mais il m’a ouvert la porte à une nouvelle page de vie…
@Patricia : je serais ravie et très honorée que le Pr Bonnier s’arrête sur mon blog 🙂
Gros bisous à toutes
Mon avis à moi, est que tu devrais vraiment y penser à écrire un livre avec ou sans nos commentaires ou notre participation pourquoi pas….
Parler de toi, de nous, de la maladie les traitements, effets secondaires et tout ce qu’elle représente bon ou mauvais.
Pour les effets secondaires, beaucoup pensent qu’ils se limitent qu’à la fatigue et à la nausée.
Parlons des sécheresses buccale vaginale et de peau qui impliques champignons aphtes, gingivites sévères et autres désagréments.
Parlons des vomissement violents et cette force que nous perdons au point de ne presque pas savoir se lever pour pisser ou se laver (excusez-moi le terme), à peine la force de boire et manger.
Cette nausée si lourdes qu’on préfèrerais avoir une gastro + les crampes…ect. Parlons des choses qui peuvent aider à supporter ses effets comme le magnésium pour les crampes, l’acuponcture, le bain de bouche, du gel (dégueulasse) ou des chewing gum spécial qu’on trouve en pharmacie pour réhydrater la bouche.
Pour ma part, l’oncologue ne m’a parlé de rien, j’ai du trouver toute seule avec l’aide d’un dentiste pour les produits buccaux.
Comme je te l’ai déjà dis plusieurs fois, tu as le don d’écriture…. Penses-y vraiment
Je viens de lire tous ces témoignages bouleversants et je me retrouve dans chacun!!! oui moi aussi j’ai peur, j’ai peur des contrôles, peur aussi du mot rémission , car je l’ai vécue cette rémission …12 ans et puis une méta a été découverte sur la peau de mon crâne, là cela a été pire que mon premier kc car les médecins m’avaient dit aux derniers contrôles « plus de 10 ans ? plus de problèmes alors »!!!!plus jamais je ne serais « tranquille » j’ai peur comme vous toutes et pourtant j’essaye mais je n’y arrive pas même avec l’aide d’un psy avec elle j’ai l’impression de tourner en rond….
Il y a 2 ans maintenant qu’on découvrait la rechute,
2 ans d’angoisse où le moindre truc me fait paniquer , je n’en parle à personne sauf aux fées et ici et ça me fait un bien fou .
Je dois quand même avouer que depuis 2 mois j’y pense un peu moins, depuis que je fais un atelier peinture , bizarre..j’ai fait 3 tableau à l’atelier et puis le prof m’a dit , fait un tableau chez toi au calme , laisse aller ta main , je l’ai fait et quand il a été fini je le suis aperçue avec horreur que j’avais peint un espèce de crabe araignée vert bleu et rose au milieux de la toile et un plus petit en haut …j’ai pensé directement à mon kc!!!!
ce tableau je ne pouvais plus le regarder!!après 2 jours j’ai pris mon pinceau et j’ai tracé des lignes noirs partout ,mon fils m’a fait remarquer que pour moi c’est comme si je l’avais mis en cage….en laissant quelque parties apparentes,c’est un peu comme un vitrail…et je peux maintenant le regarder en me disant c’est pas mal comme ça …
Désolée d’avoir été si longue mais encore une fois poufffff ça fait du bien d’expliquer !
Merci ma Catherine
@Natacha comme je te l’ai dit, écrire un livre n’est pas au programme pour l’instant mais qui sait? J’ai déjà la chance de pouvoir écrire des articles pour La Maison du cancer et je savoure cette nouvelle aventure… mais pourquoi pas un jour :-).
Pour les effets secondaires de la chimio, tu as raison les gens ne parlent qu’alopécie et nausées (voire vomissements) mais on sait toutes qu’ils sont bien plus nombreux. Promis j’en parle très vite dans un prochain billet .
@Nelly : ton histoire est incroyable et terrible ma belle. J’imagine à quel point il a été difficile pour toi de replonger si longtemps après et combien la peur doit être présente maintenant.
Mais tu fais de l’art thérapie !!! et semble-t-il ça te réussit super bien. Tu arrives même à faire de la « peinture automatique » (comme l’ecriture), c’est génial.. Continues et poste nous tes oeuvres pour qu’on puisse les voir 🙂
je vous embrasse
Merci pour ta sincérité Catherine. Même si elle nous fait peur, nous devons l’affronter et ne pas oublier non. Ne pas croire que c’est en ne plus en parlant qu’on va réussir à guérir. Merci de ne pas contribuer à dire çà. Parceque NOUS, nous savons. Merci à toi pour cette sincérité qui me parle et qui me touche profondément. Merci à tes billets, tes textes et les mots / maux que tu y glisses. Tendre pensée affectueuse en ce jour de vérité…
Coucou Cerize,
Que je suis ravie de te lire ! tu m’as manqué 😉
j’espère que tu vas aussi bien que ton commentaire semble le montrer
Je t’embrasse très fort
Catherine
Depuis l’annonce du cancer il y a plus d’un an je vis avec elle: la peur. Voleuse d’âme. Les traitements sont terminés, la porte n’est pas barrée à clé puisque c’est un cancer triple négatif. J’attends les résultats d’un test génétique. Oui elle est là présentement, surtout la nuit, de temps en temps elle s’efface, merci, mais revient me faire trembler. Je ne suis pas seule au moins…
Bonjour Danielle,
Non, vous n’êtes pas seule… Cette peur me taraude encore 10 ans après et, même si elle s’éloigne un peu, je sais qu’elle ne disparaîtra plus, elle fait partie de moi!
Prenez soin de vous et à très vite j’espère
Catherine
Je suis d’accord avec les avis precedents
Bonjour,
Comment peux-t-on supprimer ou sécuriser mes commentaires et mes réponses sur ton blog?
Je m’explique, lorsque je tape mon nom sur Google, je tombe sur des commentaires et messages que j’ai laissés sur tel ou tel blog dont celui-ci, pensant que ce serait protégé.
Je vois qu’il ne l’est pas, et je n’ai pas envie d’afficher ma vie et mes propres ressentis au monde entier. Celui de groupe fermé ne me gêne pas comme celui des fées et n’apparait pas sur Google.
Je trouve cela inquiétant pour les autres personnes aussi. Si j’ai vraiment bien sécurisé mon FB je ne sais comment gérer les publications de Google.
Merci de veiller à certains réglages, voir si tu veux bien supprimer mes commentaires si nécessaire.
Merci merci merci et pardonne moi les désagréménts que cela peut de faire
j’ai un cancer du depuis un peu plus d’un an le traitement est terminé depuis Novembre je croyais etre soulagée et curieusement il n’en est rien je n’arrive pas à reprendre le fil de ma vie ,je croyais que la mort etant derrière la porte la vie serait autrement,il n’en est rien,c’est toujours la meme routine et je dois me forcer pour faire les choses que j’aimais ,est ce que c’est à cause de la fatigue qui ne me quitte que rarement, si vous avez ressenti la meme chose ,dites le moi car je me sens seule dans mon coin merci
Coucou,
J’ai changé le nom sur tous tes commentaires sur le blog. Dorénavant quand tu commentes, mets un pseudo comme ça il n’y aura plus de problèmes. Pour les vieux commentaires, je ne connais pas la manière d’indexer les noms par Google, j’espère qu’ils vont disparaître des résultats.
gros bisous
Bonjour ursula,
Oh oui, ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas la seule dans ce cas… l’après cancer est très difficile à vivre contrairement à ce que pensent les gens bien-portants. j’ai écrit un post à ce sujet : https://catherinecerisey.wordpress.com/2011/01/24/pourquoi-lapres-cancer-est-il-si-difficile/ dans lequel je pense que vous vous reconnaitrez dans beaucoup de points.
Prenez soin de vous, écoutez votre corps et votre tête et éventuellement, faites vous aider par un professionnel.
je vous embrasse
Catherine
12 ans déjà…Et pourtant…J’avais quinze ans, j’ai combattue la maladie durant 6mois avec une légèreté et une insoucience relative à mon jeune âge….
La peur était la, cachée, tout comme ces 6 mois que j’ai voulut ignorer et dédramatiser pendant si longtemps….
Mais la vicieuse est sortie de son trou d’un coup, après deux enfants et une vie pas trop mal menée jusque la…..
Aujourd’hui j’ai peur, le jour, la nuit, d’avoir été aussi proche de la mort….
Merci pour vos messages, en effet ils réconfortent à contrario des « c’est derrière toi, chuuuut n’y pense plus…….
Bonjour
La peur est incontrôlable et surgit souvent quand on ne l’attend plus.. Les autres ne peuvent pas comprendre que même après tout ce temps elle ne nous quitte pas. Il faut la repousser à un niveau gerable pour continuer à vivre correctement ce moment ne serait ce que pour vos enfants.
J’ai bientôt mes contrôles et elle revient sournoisement me gâcher mes quelques semaines de vacances. Je pense qu’elle ne me quittera jamais vraiment mais je dois l’apprivoiser. J’espère que vous y arriverez.
Je vous embrasse
Catherine
je n’ai pas peur de mourir(peut etre parce que j’ai 67 ans et que j’ai eu une belle vie) mais
j’ai peur de la façon de mourir….mais cela personne ne comprend puisque le traitement
est terminé depuis un an et que je vais bien!!!alors pour les autres je ne dois plus y
penser,comme si c’était possible
Bonjour Trina,
la peur de la mort est très personnelle…. Les autres ne comprennent pas que même si les traitements lourds sont finis l’histoire n’est pour autant pas terminée pour nous… Il faut savoir s’entourer de gens compréhensifs. certaines préfèrent se taire et garder leur angoisse pour elle…. Quoi qu’il en soit, ne plus penser est impossible : chaque douleurs, chaque contrôle font revenir les démons …
Je vous embrasse
Catherine
Ton article m’a ému :). Je suis en rémission depuis un peu plus d’un an, j’ai plutôt bien géré la maladie, et pourtant là j’ai une sensation désagréable, je suis allée chez le coiffeur (ça faisait un an que j’y étais pas allé, je les laisse pousser :)), j’ai passé ma main, et horreur j’ai senti cette sensation de cheveux rasés… Ca m’a glacé le sang, moi qui pourtant ait plutôt bien vécu les cheveux courts (je les ai pas tous perdu), ça m’allait bien, mais bon j’ai voulu les avoir long à nouveau (besoin de tourner la page), et le coiffeur pour me les désépaissir les a coupé très courts à certains endroits, ça se voit pas mais là du coup ça se sent légèrement quand on passe la main… Olala j’ai eu cette « peur » qui ait revenu. Du coup j’ai tapé sur google « angoisse cheveux courts après cancer » voir si d’autres gens ont ressenti cette étrange peur et je suis tombée sur ton blog :). Rémission, moi non plus je le connaissais pas ce mot 🙂 quand ça était annoncé, quel bonheur, mais s’en est suivi un petit agacement, les gens et leur « oh bah ça y est tu es guérie tu vois !! » RE-MI-SSION les amis hein j’ai des contrôles réguliers ! L’épée de damoclès, c’est exactement ça… Parfois j’ai l’impression que personne peut comprendre… Merci d’avoir su mettre les mots 🙂
Paradoxalement, l’idée de mourir, pourrait être, une impulsion positive à la vie.
Maintenant, je peux dire , je peux écrire le mot cancer et je ne me sens plus
mal, je suis guéri de la peur.
Merci à vous deux pour vos messages !
la peur est irrationnelle et chacun la vit à son niveau. A mon avis l’important est de la faire descendre à un niveau gérable pour nous…. pas facile tout ça !
je vous embrasse
Catherine
un an tout juste en février et voilà que je sens pointer la peur. j’ai l’impression d’etre focalisée sur moi ou ce que je peux ressentir au fond de moi. j’ai l’impression d’avoir peur de moi.cette peur me réveille la nuit car j’ai mal dans les genoux , les doigts et les pieds. j’ai honte de moi quand je me mets debout car je suis sure de ressembler à une petite vieille , je suis obligée de me déplier pour me mettre debout et de dire « ail » à haute voix ou dans ma tete. j’en pleurerai des fois.pourtant j’arrive le plus souvent à évacuer cette peur , peur d’avoir autre chose. et cette fatigue qui m’attend tellement souvent pendant la journée, qui vient et qui repart.cette sensation de tete qui tourne. je passe mon temps à espérer que cette fatigue va partir et que ces douleurs vont s’envoler, je l’espère. j’ai 2 filles et je ne me lasse pas de les regarder ni de les toucher, ce que j’aimerai c’est que le temps s’arrete quand je suis avec mon mari et mes filles et que tout va bien.mais c’est impossible.j’aimerai pouvoir comprendre pourquoi cela m’ai tombé dessus.une chose est sure est que je peux dire que je suis fière de m’etre batue contre cette vilaine grippe comme je l’appelle.en résumé , je sens ma force en moi , je sens que je peux vivre heureuse mais ce mal dans mes doigts sous mes pieds quand je les pose à terre me rappelle tout le temps ce que j’ai vécue.cette année j’aimerai plusieurs choses etre aimé de mon mari et comprise, voir mes filles heureuses, retravailler et reprendre mon instrument que j’avais laissé tomber depuis le départ eux études. j’espère que mes mains me le permettrons ;voilà , j’aurais très bien pu écrire tout cela pour moi meme, ce que je n’ai encore jamais fais mais ça me fait du bien de savoir que quelqu’un va lire. ah et une dernière chose moi aussi j’ai tout le temps soif.et j’ai 39 ans et j’aime mes parents mon mari mes enfants et mes beaux parents qui traversent aussi en ce moment la meme épreuve que moi.autre chose, c’est bien d’avoir crée ce cite Catherine , merci.
Merci beaucoup Cécile 🙂
La peur s’estompe avec le temps même si elle me taraude encore parfois … On ne peut rien faire contre elle, elle est incontrôlable, ingérable …
Prenez soin de vous et profitez de ceux que vous aimez
je vous embrasse
Catherine
madame votre histoire m’a ébahie et m’a donné l’espoir de miracle qui peut se produire sans qu’on se rend compte.
la peur nous appréhende aux premiers jours et dés qu’on pense a notre future…la maladie est une chose qui peut arriver a tout le monde sans choix de la personne.
il est nécessaire d’oublier parfois notre frayeur, il nous permet d’oublier aussi qu’on est malade
j’apprécie votre courage et bravoure qui dénotent un charisme et une personnalité qui peut comme disait Alfred de vigny : » je reste debout malgré les orages ».
Merci meriam
Pas de courage ni de bravoure dans ce singulier combat ! Juste pas le choix parce qu’envie de vivre encore un peu !
je suis contente de vous avoir délivré un peu d’espoir !
A bientôt
Catherine