cancer du sein et fertilité
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes de moins de 40 ans donc en âge de procréer. Si lors d’un cancer des testicules ou d’un cancer des ovaires ou de l’utérus , on pense systématiquement à la baisse de la fertilité, rien n’est proposé lors d’un cancer du sein, afin de préserver la fonction ovarienne. Or les traitements comme la chimiothérapie peuvent induire une aménhorrée (absence de règles) transitoire ou définitive ou pire une ménopause précoce irréversible. L’hormonothérapie proposée pour les femmes non ménopausées est le tamoxifène qui n’est pas reconnu responsable d’infertilité. Il est habituellement prescrit pour 5 ans sous contraceptif et recule donc d’autant l’éventualité d’une grossesse, ce qui pose évidemment problème pour les femmes proches de la quarantaine. Après traitements on compte entre 5 et 28% de grossesses spontanées , c’est dire comme le risque est important et le problème majeur.
Aujourd’hui, en cas de fonction ovarienne perturbée on propose quelques solutions :
- le recours au don d’ovocytes – mais la legislation en France rend cette technique extrêmement difficile à réaliser car le don est gratuit et très peu de femmes acceptent d’être donneuses.
- l’accueil d’embryon surnuméraire d’un couple ayant effectué une FIV (Fécondation in Vitro)- solution qui en France, s’adresse à des couples qui sont confrontés à une double stérilité (masculine/féminine)
- l’adoption
Mais ces trois possibilités sont envisageables si la femme a un conjoint ! Et en tout état de cause sont-elles réellement acceptables?
Pourtant les solutions en amont existent :
- La congélation d’embryon, d’une part : après stimulation ovarienne avant la chimiothérapie, les ovocytes prélevés sont mis en présence des spermatozoïdes du conjoint. Après FIV les embryons sont congelés pour une réimplantation ultérieure. Si cette solution nécessite encore un conjoint, elle pose surtout un problème d’ordre médical important. En effet, l’impact de la stimulation ovarienne sur le risque de récidive n’est pas connu à ce jour. Cette technique donne 20 à 30% de réussite.
- La congélation d’ovocytes : après stimulation ovarienne encore, on congèle cette fois les ovocytes obtenus (comme les spermatozoïdes chez les hommes). Si le problème du risque de récidive persiste, une femme célibataire peut aisément recourir à cette solution. Mais le taux de succès dans ce cas est très faible (de l’ordre de 3%) en raison de problèmes techniques dus à la congélation/décongélation.
- La cryoconservation ovarienne : avant les traitements, un ovaire est prélevé en totalité ou partiellement par coelioscopie puis congelé.A distance des soins, l’ovaire ou son fragment sera réimplanté soit dans le pelvis, soit dans l’avant bras ! Un ovocyte pourra croitre spontanément ou après stimulation. Après FIV, l’embryon sera réimplanté dans l’utérus. Mais cette technique est au stade expérimental et seules deux grossesses ont été comptabilisées à ce jour. D’autre part cette solution comporte un risque de réintroduction de cellules malignes (métastases ovariennes) non négligeable (particulièrement pour les cancers du sein stade IV et les cancers lobulaires infiltrants). Enfin, proposer une ovariectomie même partielle chez une patiente pour laquelle le traitement ne serait pas infertilisant (le risque de stérilité variant d’une femme à l’autre) est déontologiquement peu acceptable.
- la dernière solution serait bien sur, de proposer une hormonothérapie moins infertilisante en lieu et place de la chimiothérapie adjuvante généralement prescrite chez la femme jeune.
Il est donc très clair que le problème existe et qu’il ne doit pas être minimisé par le corps médical. Il est, à mon avis, extrêmement important de parler de ce risque non négligeable aux patientes afin qu’elles puissent envisager une solution, même si ce qui nous est proposé, à ce jour, n’est pas idéal loin s’en faut.
Sources : documents.irevues.inist.fr/réalités en gynecologie obstétrique : la fertilité après un cancer du sein par C.Poirot M.Prades G.Lefebvre
Tu as raison, c’est une question dont on ne parle pas, les problèmes immédiats étant tout autre. Et pourtant, il y a une vie de femme « normale » après les traitements.
Je reste pantoise quant à la technique de la cryoconservation ovarienne … dans l’avant-bras ?!
dans…l’azote liquide ! (gaz inerte) 🙂
C’est vrai que les cancérologues (aussi grands soient ils) mettent de côté les conséquences post-chimio, et n’abordent pas vraiment ces questions à l’avance. Déjà tellement de tracas à gérer au cours de la chimio.
Le débat reste ouvert…
Malheureusement c’est vrai que l’on a tendance a oublié ce grave probléme alors que beaucoup de jeunes femmes sont touchées par la maladie, comme dit Lolo, nous avons tellement de choses a faire face………….. je pense qu’il est bon de savoir (pour les femmes plus jeunes) que la vie continue aprés le cancer………….. qu’avec tous les progrés de la medecine elles pourront avoir des enfants et c’est hyper important…..Le hic c’est que nous ne sommes pas renseignées, on ne nous dit pas tout et c’est bien dommage….
bravo Catherine pour toutes les recherches que tu effectues.
Il est vrai que les cancérologues et médecins parlent très peu ou pratiquement pas de cela.
Beaucoup de jeunes femmes se retrouvent stériles après tous les traitements pour combattre le cancer.
J’avais déjà entendu parler de la cryoconservation ovarienne avec implantation dans l’avant-bras mais comme tu le dis il n’y a pas assez de recul.
J’espère que dans un proche avenir des traitements moins invasifs seront trouvés et proposés aux femmes
Hello les filles,
Oui les médecins n’en parlent pas. Moi j’avais 37 ans et très envie d’un 3ème enfant. Mes traitements se sont arrêtés avec les 5 ans de tamoxifène en 2008, j’avais 45 ans. J’ai du faire une croix sur cette grossesse, cette envie de bébé et j’ai eu très mal. J’aurais aimé que l’on m’en parle avant, pouvoir anticiper m’aurait certainement aidé à faire le deuil de cet enfant.
Encore beaucoup de choses à ameliorer 😦
Gros bisous à toutes
C’est vrai qu’on parle beaucoup de la chute des cheveux, et peu de la ménopause accélérée. Je repense à un copain, qui avait eu un problème de testicules, je ne connais plus le détail, sinon que les médecins l’avaient rapidement orienté vers une banque de sperme, pour le cas où… c’était y’a 30 ans. Le cancer du sein est typiquement féminin, avec les retards qui lui sont propres.
Coucou les filles,
pour ma part, j’ai eu un enfant en même temps qu’un cancer, et je suis admirative de celles qui veulent un enfant après, comme toi, Catherine. Car je dois bien dire que j’ai VRAIMENT peur de disparaitre avant d’avoir pu élever mes enfants, alors, l’idée d’en faire un autre, non, vraiment.