Dépistage systématique : un recul significatif !
Aujourd’hui 5 pays pratiquent le dépistage systématique du cancer du sein à partir de 40 ans : l’Australie , l’ Islande, la Suède , le Portugal et la Grèce et 2 pays à partir de 45 ans : l’Espagne et l’Uruguay. On distingue les pays qui ont mis en place ce dépistage organisé, la plupart donc à partir de 50 ans, et ceux qui proposent un service fondé sur les recommandations d’organismes nationaux, comme c’est le cas des Etats Unis. Il n’existe donc pas de programme organisé aux USA mais plusieurs sociétés qui font des recommandations de santé comme les très renommées American cancer Society (ACS) et la US Preventive Services Task Force (USPSTF).
C’est cette dernière qui a crée, lundi un énorme tollé en contestant l’utilité des mammographies, jusque là préconisées tous les ans , chez les femmes âgées de 40 à 49 ans. Il recommande ,de plus,aux femmes de plus de 50 ans de passer une mammographie tous les deux ans contre un examen par an jusque là. Enfin, pour couronner le tout ces messieurs (y avait il des dames, je m’interroge) remettent en cause l’auto-palpation qui ne réduirait pas la mortalité par cancer du sein!! Non non vous avez bien lu.
Mais interessons nous un moment aux détracteurs du dépistage précoce. Quels sont, d’après eux, les effets délétères du dépistage :
– La dose d’irradiation serait dangereuse à terme. Or plusieurs scientifiques parlent au contraire d’une dose d’irradiation quasi nulle (cf mon billet sur le Marie Claire de Novembre et l’interview du Dr Khayat ). En tout état de cause, le bénéfice serait largement supérieur au risque encouru pour les femmes au delà de 50 ans alors pourquoi pas pour les femmes plus jeunes?
– Les faux négatifs qui laissent repartir des femmes avec un cancer curable qui peut évoluer. Or leur pourcentage est nettement réduit par la double lecture par deux radiologues (voire trois en cas de doute). De plus, de nouvelles techniques sont à l’étude comme l’aide à la détection par ordinateur.
– les faux positif avec une accentuation de l’anxiété et des investigations agressives inutiles.Ne vaut-il mieux pas stresser quelques jours, voire semaines, plutôt que d’avoir un cancer générateur d’infiniment plus d’angoisse et faire ces examens , certes couteux mais tellement moins que les soins prodigués pour un cancer!
Il faut enfin rappeler que la sensibilité de la mammographie n’est pas de 100% mais de 77% , sensibilité qui varie de 50 à 90% en fonction de la densité du sein (plus un sein est jeune plus il est dense). Mais là aussi le depistage peut être aisément complété par une echographie et une palpation par un specialiste.
Il faut avouer que si l’on croit à ces effets si negatifs, on remet en cause l’existence même de ce programme y compris pour les femmes plus agées! N’est-ce pas un combat d’arrière garde?
Il semble au contraire, que les essais apportent des preuves suffisantes d’une réduction significative de la mortalité du cancer du sein depuis leur mise en place. D’ailleurs, la US Preventive Services Task Force se retrouve un peu seule, puisque son homologue l’American Center society maintient quant à elle ces anciennes recommandations.
Mais les américains qui n’en sont pas à une bourde près, s’attaquent à tous les dépistages puisque c’est celui du cancer du col de l’uterus qui s’est vu critiqué vendredi dernier par une autre société le Collège Américain des obstétriciens (ACOG). Elle conseille entre autres aberrations, aux femmes qui ont eu trois frottis annuels normaux d’attendre 3 ans avant d’entreprendre un nouveau depistage!!! On croit rêver !
Heureusement ces recommandations ont été mises en cause par de nombreux médecins et la ministre de la Santé américaine Kathleen Sebelius a invité les femmes à ne pas en tenir compte, en continuant à « faire ce qu’elles ont fait pendant des années ».
Quand on sait que certains pays s’interrogent sur l’opportunité d’élargir les dépistages (en 2010 l’institut National du Cancer en France lance une etude pour determiner si le schema actuel français ne doit pas être modifié), on reste pantois devant l’archaïsme de ce qui ne reste heureusement que des points de vue.
J’ai lu en effet cette semaine la justification du Ministère de la Santé française pour ne pas avancer l’âge du dépistage. Ca tournait autour de ça. Pitoyable !
Il y a les moins de 50 ans et les plus de 74 ans. Ma tante qui a 76 ans et en pleine forme physiquement, n’a plus droit non plus au dépistage ! Pourrait-on porter plainte pour discrimination ?!
Rien à voir : J’aime beaucoup ta nouvelle présentation !
Il est peut-être un peu tôt pour constater les effets du dépistage systématique. Depuis 2004 en France, ça fait donc 5 ans. 5 ans, c’est aussi le délai sur lequel s’appuie beaucoup d’études pour dire « c’est bon, y’a plein se survivantes »… ça fait un peu « Vache qui rit », l’étude dans l’étude dans l’étude en cours.
Pas étonnant que quelques médecins-experts mettent les pieds dans le plat, ou au moins s’interrogent. Tant que la mortalité ne chutera pas vertigineusement, et le but est bien là, la vie garantie, alors y’a bien un échec quelque part (dépistage systématisé, progrès thérapeutique, recherche, campagne de sensibilisation, … ?). Mais lequel et pour quelle part ?
Une tumeur « petite » ne veut pas nécessairement dire cancer à son début, y’a des petits nerveux !
Ce dépistage systématisé est à peine en place, mal compris, au moins qu’on lui laisse le temps de montrer ce qu’il vaut, déjà ça, ce serait bien.
moi z’aussi 🙂
Merci les filles 🙂 . j’ai l’impression qu’on gagne en lisibilité non?
Complètement d’accord avec toi cathie laissons le temps au depistage de faire ses preuves (comme je l’explique sur ton blog il faut 10 ans pour mesurer les bénéfices du dépistage systématique sur le taux de mortalité si tant est que le taux de réponse à ce dit dépistage avoisine les 70% ce qui est loin d ‘être le cas en France).
Mais ne pas encore apprécier les avantages de ces mesures n’empêche pas de les élargir, à moins, bien sur de remettre en cause l’intérêt même du dépistage et par la même la politique de santé française voire européenne.
avec tout ça on est mal barré en france, moi qui vit en espagne je peux vous dire que les dépistages se font bien sur a partir de 45 ans couverts par la sécu espagnole et cela tous les ans et pour les femmes qui ont eus des antecedents de cancer du sein dans la famille, le depistage se fait tous les ans a partir de 25 ans….. tout ceci pris en charge par la sécu bien entendu, ici en espagne le taux de cancer du sein chez la jeune femme inquiète beaucoup les médicaux, donc tout est mis en oeuvre pour la prévention, quand aux pseudos risques liés aux radiations des mammographies d’aprés mon oncologue ils sont quasi innexistants comparés au taux de mortalités suite a un cancer du sein. je ne sais pas en france comment cela se passe mais en ce qui me concerne, suite a mon cancer, je passe 1 mammo tous les ans, 1 echo du coté mastectomié tous les 9 mois, 1 irm tous les ans + 1 scanner sans oublié l’echo abdominale tous les 6 mois ainsi que la radio des poumons, radiations a risques vous dites……. et tous ceci est interpreté par 2 oncologues differents, l’onco de la chimio et l’onco de la radiotherapie. j’oubliais le frottis se fait tous les ans suite a un cancer du sein et pour les femmes qui prennent un contraceptif oral tous les 2 ans avec palpation des seins fait par un gyneco sans limites d’age. qui a dit que l’espagne etait en retard par rapport aux autres pays d’europe?
Je ne remets surtout pas en cause l’idée du dépistage systématisé, je m’interroge sur son efficacité. Et t’imagine le bazar de l’élargissement d’un dispositif déjà pas solide ?
@ geraldine bravo l’Espagne un train d’avance sur la France , c’est clair on est loin du compte! En ce qui me concerne c’est prise de sang + mammo et echo des seins + radio poumons tous les ans et basta ; point d’irm ou de scanner ou d’echo abdominale 😦
@ Cathie d’après ce que j’ai lu pour les plus anciens programmes (Pays Bas 1974 – Suède 1976…) ils annoncent une baisse de 20 à 30% de la mortalité à moduler bien sur avec les progrès de la recherche.
Je crois que le gros problème c’est que les femmes n’adherent pas en masse, tu imagines même pas 25% à Paris et 50% en moyenne sur tout le territoire 😦 Tu as raison avant de penser à l’elargir il faut sans doute l’optimiser…
Bisous à toutes les deux